La médiation allemande réussira-t-elle à faire taire les armes ? Le scénario qui apparaît improbable n'en est pas moins porteur de signe d'optimisme, relevé par le chef de la diplomatie Frank-Walter Steinmeier à l'issue de la quadripartite tenue à Berlin avec ses homologues ukrainien, Pavlo Klimkine, russe, Sergueï Lavrov, et français, Laurent Fabius. Des « progrès sur certains points » ont caractérisé la réunion aux contours similaires à celle tenue au début du mois de juillet pour éviter le pire : une confrontation entre l'Ukraine et la Russie. Mais l'engagement allemand n'est pas de tout repos. La persistance du « climat difficile » rend effectivement ardue la quête d'une solution politique compromise par la poursuite de la violence en Ukraine et les tensions entretenues par les accusations de Kiev sur les livraisons d'armes russes aux séparatistes, vite démenties par Moscou. « Nous avons répété à plusieurs reprises que nous ne livrons aucun équipement militaire là-bas », a de nouveau affirmé, dimanche dernier, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Alors que sur le terrain des opérations, la destruction d'un avion de chasse ukrainien, un MiG-29, à Lougansk et le siège de Donetsk menacé de coupure d'eau courante font peser de lourdes incertitudes sur l'éventualité d'un cessez-le-feu, la question des frontières est au cœur de la rencontre de Berlin. Les fortes tensions, générées par l'annonce de la destruction d'une colonne de blindés russes réfutée par Moscou, s'ajoutent au chapitre mouvementé de l'aide humanitaire destinée aux populations de l'Est ukrainien bloquée en dépit d'un accord conclu samedi sur les modalités et l'inspection du convoi confiée au CICR (Comité international de la Croix-Rouge), attendu « peut-être demain (lundi) ou après-demain (mardi) », selon Paul Picard, responsable de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) présent à la frontière. Arrivés, dimanche dernier, au poste frontière russe de Donetsk, seize des quelque 300 camions russes apportant 1.800 tonnes d'aide sont tributaires des « conditions sécuritaires ». La question de « l'impénétrabilité de la frontière », soulevée par Kiev, est jugée « assez floue » par le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, qui assure que « nous n'avons rien contre le contrôle du régime de traversée de la frontière qui serait le plus efficace possible ». Il a même fait état d'un éventuel octroi de drones aux observateurs d'une mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, invitée également à mener des enquêtes à la frontière sur la prétendue aide militaire russe en Ukraine. « Là où nous ne pouvons pas encore faire état de résultats positifs, c'est avant tout le cessez-le-feu et le règlement politique », a martelé Lavrov.