« De nos jours, la chanson est davantage écoutée sur album plus que sur scène », a regretté le chanteur Takfarinas lors d'une rencontre avec la presse, jeudi matin, à la salle Ibn Khaldoun. Selon lui, « les artistes algériens de renom ne sont pas sollicités à toutes les occasions ». « Je n'ai plus chanté à Alger-Centre depuis près de 27 ans », a-t-il déploré. « Je n'ai pas été invité et, dernièrement, alors que je devais participer au festival de Timgad, j'ai été déprogrammé à la dernière minute », dira-t-il déçu. « Les artistes comme moi travaillent dur pour faire de la bonne musique qui conquit les cœurs et transmet l'amour. Mais il est difficile de remplir les salles en Algérie ». L'auteur de Way thelha se dit amer. « L'artiste doit s'agenouiller devant les responsables pour se produire ». Takfarinas a rappelé qu'en 2005, il avait répondu à l'appel lancé par les hautes autorités, relatif au renforcement de la participation des artistes algériens à l'étranger. « L'invitation m'avait permis de revenir et de proposer de nouvelles techniques, notamment une tournée avec 17 semi-remorques et du matériel pour donner un nouveau coup de punch à la musique algérienne et kabyle », a rappelé le chanteur. Après quoi, dira-t-il, « mon idée n'a pas été prise au sérieux et on m'avait demandé de revenir en 2006 ». Tout en évoquant les artistes internationaux invités sur les scènes algériennes, le conférencier a mis l'accent sur le problème des sponsors qui ne « font rien pour booster les artistes locaux ». « Ceux-ci investissent dans le sport mais pas dans la musique, la plus belle langue au monde », dira-t-il. « La musique d'une chanson, même si ses mots et les paroles ne sont pas compréhensibles, reste accessible à tous. » A une question relative aux duos, Takfarinas a répondu : « Le genre n'est pas ma tasse de thé, même si il m'est arrivé d'en faire ». « Le duo, pour moi, est un courant artistique et non commercial ». Selon lui, « il est impératif de lutter contre la négligence et le laisser-aller car il faut être déterminé et motivé pour réussir sa carrière artistique et faire des shows spectaculaires ». Dans un message adressé aux jeunes talents, Takfarinas leur a conseillé d'y mettre tout leur amour et savoir-faire car, selon lui, « la musique est la fondation d'un peuple, sa base et son identité ». « Les voix existent mais il faut avoir les moyens pour les lancer », dira-t-il tout en rappelant qu'en 27 ans il a fait sept concerts. Un style nouveau « Takfarinas, de son vrai nom Ahcène Zermani, est un chanteur et musicien algérien de musique kabyle. Il est né le 25-02-1958 à Tixeraine près d'Alger. Il vit en France depuis 1994. Ses textes rendent hommage à la culture amazighe, mais s'en échappent quelquefois pour aller vers des appels engagés qui constituent sa signature. Le style nouveau dans lequel il s'est investi s'appelle le « yal ». Takfarinas possède une voix timbrée au registre large et impose une création et un style musical très personnel à plusieurs facettes. L'instrumentation préférée de Takfarinas est d'accompagner ses chansons par un mandole électrique qui permet des sonorités à deux genres : mâle et femelle. Parmi ses plus belles chansons, l'on citera « Way telha en 1986 / Arrach (double album) 1989 : Irgazen / Ini-d ih (double album) 1993 : Romane, : Salamet (Paix et salut), 1999 : Yal Music, 2000 : Quartier Tixraine, 2004 : Honneur aux dames / Hommage aux martyres du printemps noir (double album) et 2011 : Lwaldine / Inchallah.