L'Algérie en compte nombre appréciable de musées qui méritent le détour. D'autres seront inaugurés. Ainsi, l'antique Cirta, durant l'année de la culture arabe, verra, en 2015, l'ouverture de pas moins de cinq musées dont un relève, dit-on, d'une initiative privée. Le projet d'un musée national maritime est également très avancé et devrait avoir pour siège l'Amirauté d'Alger. Il renfermera des pièces de la Marine nationale, des documents qui témoignent de son riche passé dont Moulay Belhamissi avait retracé, dans un livre paru il y a deux décennies, les grandes étapes et les exploits. Depuis quelques années, certains d'entre ces musées, pour briser cette chape de relatif isolement, se sont davantage ouverts aux publics. Les musées ont voulu rompre avec cette image de « cimetière des choses mortes », « d'endroits sans âme ». Des activités culturelles et d'animation au sens large, notamment au musée des beaux Arts, de celui des arts et traditions populaires et du Bardo, ont redonné vie à ces endroits qui conservent la mémoire des Algériens depuis des siècles. Certaines expositions au Mama sur des peintres comme Issiakhem, Malek Salah ou Khadda ont attiré de nombreuses personnes. Les parcs nationaux, notamment ceux de l'Ahaggar et de l'Atlas saharien, furent dirigés par des archéologues de formation. Dans un contexte plus large, l'intérêt pour le patrimoine, sa préservation et sa valorisation furent inscrits comme une des priorités du ministère de la Culture. Ce dernier a procédé à la restauration de plusieurs bâtisses qui ont un caractère ou une valeur historiques et envisage d'ouvrir un musée dans chaque lieu de wilaya. A la faveur de l'année de la culture arabe en 2007, un musée dédié à l'enluminure, à la miniature et la calligraphie avait été inauguré au palais Mustapha Pacha situé à la Casbah d'Alger. Cela ne semble pas suffire pour séduire et attirer au-delà du cercle des « initiés ». Une attitude dynamique Pour se rapprocher davantage du large public, une quinzaine de musées d'Alger et d'autres villes (Oran, Médéa, Constantine, Bou Saada....) animent la seconde édition de musée dans la rue. Chaque après-midi, de 14 h à 19 h et jusqu'au 6 septembre, sur la grande esplanade de la Grande poste, on peut visiter différents stands. Un tour permet de mieux connaître la vocation, la collection de chaque musée. On peut ainsi découvrir les riches collections d'archéologie que renferme le musée de Cherchell ou celui des antiquités à Alger. D'autres visiteurs cherchent à se renseigner sur les prix, la possibilité d'y accéder par internet. Comme nous l'explique un jeune chercheur du musée des arts et expressions culturelles traditionnelles de Constantine, « beaucoup de nos compatriotes sont méfiants. Il croient que seule une minorité fortunée, au pire désœuvrée, se rend à ce genre d'endroit ». Pour lui, « nous devons avoir une attitude dynamique, sortir et ne plus attendre les visiteurs ». C'est pour rompre cette incommunicabilité, expliquer l'importance du patrimoine dans tous ses aspects (matériel, immatériel, peinture, artisanat...) que la manifestation se déroule pour la seconde fois. Les organisateurs, en l'occurrence la direction de la conservation et de la restauration du ministère de la Culture, en collaboration avec l'APC d'Alger-Centre, ont raison de rappeler une vérité dans une brochure de présentation. « Sans la mémoire culturelle et historique, un pays ne peut ni évoluer ni avancer ». A défaut de voir du public, c'est nous qui allons vers lui » nous confie une attachée de recherche au Mama. Elle se dit fière des publications du musée et de celles de tous les autres comme cette belle collection sur les peintres éditées par les Beaux arts. Elle est en vente. La fréquentation des musées n'est pas seulement tributaire de la volonté de ses responsables. L'école a un rôle fondamental à jouer. C'est en faisant connaître l'histoire, l'esthétique dont sont porteuses les autres religions et civilisations au sein du système éducatif qu'on suscitera cet intérêt pour le patrimoine national et universel. A-t-on oublié que durant les années 90, des édiles avaient décidé de revêtir de tissus certaines statues grecques et romaines jugées impudiques ?