Le Conseil de sécurité a convenu à l'unanimité d'envoyer une mission pour enquêter sur les atrocités commises par les jihadistes de l'Etat islamique qui se sont emparés de larges pans de territoires irakien, en multipliant les exactions et poussant à la fuite des centaines de milliers d'habitants. La résolution adoptée, lors d'une session extraordinaire, exhorte « toutes les parties » à respecter le droit international, à protéger les civils et à répondre à leurs besoins, en offrant aux travailleurs humanitaires un « accès sûr » aux populations affectées. Le texte demande au Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme « d'envoyer d'urgence une mission en Irak pour enquêter sur les allégations de violation et abus des droits de l'Homme commis par l'EI et les groupes terroristes qui lui sont associés » afin de lutter contre leur impunité. Selon un porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Rupert Colville, l'ONU espère que ses onze enquêteurs pourront être sur le terrain d'ici quelques semaines. « Ils devront recueillir des preuves en vue d'éventuelles poursuites en justice devant un tribunal, comme la Cour pénale internationale », a ajouté Colville. Les enquêteurs devront faire part de l'avancée de leurs travaux dès la prochaine session régulière du Conseil (8 au 26 septembre), et présenter un rapport écrit lors de la 28e session du Conseil, en février/mars 2015. L'envoi d'enquêteurs en Irak a été salué par l'Iran et la Russie. « Tous les Etats doivent s'unir contre cette menace », a estimé le eprésentant iranien auprès de l'ONU à Genève, Mohsen Naziri Asl, tandis que le représentant russe, Alexey Borodavkin, a assuré que Moscou allait continuer de donner « à l'Irak des armements modernes ». Sur le terrain, les forces irakiennes ont repris, hier, le contrôle partiel d'une autoroute stratégique reliant la capitale Baghdad au nord du pays. Fermée depuis près de trois mois, cette autoroute sera rouverte après avoir été nettoyée d'éventuels mines et obstacles placés par les jihadistes, ont soutenu les militaires irakiens dont la présence a été saluée par les habitants de la ville turcomane chiite d'Amerli, alors qu'à Baghdad, des manifestants ont pris d'assaut le siège du Parlement pour exiger de connaître le sort de leurs proches, les militaires qui se sont rendus aux jihadistes au début de l'offensive au mois de juin. Les forces irakiennes dépassées gagnent du terrain grâce au soutien des combattants kurdes, des miliciens chiites et des Etats-Unis qui interviennent depuis le 8 août avec des frappes aériennes. D'autres pays occidentaux viennent à la rescousse de Baghdad. Le dernier a été le Premier ministre australien Tony Abbott qui a estimé hier que l'usage de la « force extrême » était justifié. Il y a deux jours, Londres a annoncé des mesures de sécurité renforcées contre les insurgés de l'EI. L'Allemagne a, de son côté, annoncé qu'elle livrerait aux Kurdes des armes. La France a préféré agir sur le plan diplomatique. Le président François Hollande a proposé de réunir une conférence internationale sur la sécurité en Irak et la lutte contre l'EI, qui contrôle des régions en Irak mais aussi en Syrie voisine où les Occidentaux n'ont pu intervenir, depuis le début du conflit syrien en 2011, faute de résolution onusienne bloquée par la Russie alliée de Damas.