Cette décision « cause du tort à l'Etat d'Israël », a déclaré, hier, le ministre des Finances, Lapid, qui fait partie du cabinet de sécurité, un conseil restreint pour les questions militaires et diplomatiques et les décisions rapides en période de crise. Après la guerre sanglante à Ghaza, « garder le soutien de la communauté internationale était déjà difficile, alors quelle urgence y avait-il à susciter une nouvelle crise avec les Etats-Unis et le reste du monde ? », s'est également interrogé le chef du parti centriste, Yesh Atid, lors d'une conférence économique. De son côté, la ministre de la Justice, Tzipi Livni, un autre membre influent du cabinet de sécurité, avait estimé, lundi dernier, que cette appropriation, qualifiée d'« annexion » par les médias, « affaiblit Israël et porte atteinte à sa sécurité ». La responsable israélienne, dirigeante de HaTnouah (un parti centriste), et chargée des négociations avec les Palestiniens, a également exprimé la crainte que cette décision nuise aux relations déjà tendues avec les Etats-Unis. Les Américains ont déjà critiqué la nouvelle décision israélienne. « Cette annonce est contre-productive au regard de l'objectif fixé par Israël de parvenir à une solution négociée à deux Etats avec les Palestiniens », a estimé un responsable du département d'Etat appelant « le gouvernement israélien à annuler cette décision ». Le même appel a été lancé par le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal. « Ce n'est pas une décision positive. Elle contrevient aux lois internationales et aura un impact négatif sur le processus de paix », a affirmé le ministère des Affaires étrangères au Caire. « Très inquiet » de la décision israélienne, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé que pour les Nations unies, la colonisation est « illégale au regard des lois internationales » et fait obstacle à une solution à deux Etats pour régler le problème israélo-palestinien. Pris en étau, le gouvernement Netanyahu, fragilisé par la guerre perdue de Ghaza, est abandonné par les siens et ses alliés les plus fidèles. La relation stratégique et inconditionnelle entre les Etats-Unis et Tel Aviv, qui a déjà subi un net refroidissement, à la suite de l'échec du processus de paix, au printemps dernier, a été ébranlée par la décision de confiscation des 400 ha. Washington, qui a affiché une opposition de principe à « l'activité continue de colonisation », réitérée, mardi dernier, par John Kerry lors d'un appel téléphonique avec Netanyahu, ne désespère pas de relancer le processus de négociations. Une rencontre est prévue, mardi prochain, entre les négociateurs palestiniens et les Etats-Unis pour tenter de renouer le fil du dialogue et apaiser la fronde palestinienne, clairement exprimée par la décision de l'Autorité palestinienne décidée à faire adopter, par le conseil de sécurité, une résolution demandant la fin, d'ici 3 ans, de l'occupation israélienne des territoires occupés.Si le veto est naturellement attendu, Washington est également interpellé par le cessez-le-feu en place à Ghaza. Les « négociations qui doivent s'ensuivre », selon la porte-parole du secrétaire d'Etat, Jennifer Psaki, portent, essentiellement, sur les pourparlers devant réunir, dans un délai d'un mois, les deux belligérants sur les sujets les plus sensibles comme la libération de prisonniers palestiniens, la levée du blocus et la réouverture de l'aéroport de Ghaza. Netanyahu, travaillé par le syndrome du Hezbollah vécu à Ghaza, contesté par ses ministres sur la décision de confiscation des terres palestiniennes et désavoué par son parrain américain, est plus que jamais seul au pied du mur de séparation de son néo-apartheid.