Le Likoud et son allié, la formation extrémiste Beiteinou de Avidgor Lieberman, ne sont pas sortis indemnes de l'épreuve des législatives. En net recul, la coalition de droite et des religieux, en égalité parfaite avec le bloc du centre et de la gauche renforcé par les partis arabes, se voit désormais contestée par la montée en puissance de la formation centriste, Yesh Atid, récemment lancée par le journaliste de télévision Yair Lapid. Deux caractéristiques fondamentales qualifient le chamboulement du paysage politique : la remise en cause de la traditionnelle bipolarité et le rôle d'arbitrage de la formation centriste. Car entre les deux blocs antagoniques, l'émergence du deuxième parti (19 sièges derrière la liste commune du Likoud et de Beiteinou arrachant 31 sièges et devant le Parti travailliste avec 15 sièges) lui confère un poids décisif dans la formation du « gouvernement le plus large possible » préconisé par Netanyahu. « Il n'aura aucun gouvernement raisonnable - c'est-à-dire aucun gouvernement que Netanyahu pourra diriger sans devenir un paria international - sans Lapid. Il est donc devenu le joueur le plus important dans le système politique », a martelé l'analyste Yossi Yerter, dans les colonnes du quotidien Haaretz. Tout l'équilibre parlementaire et institutionnel repose sur la formation centriste qui régit la vieille rivalité des deux coalitions majoritaires disposant chacune de 60 élus. Affaibli, Netanyahu sera-t-il appelé à faire des concessions sur la question litigieuse de la colonisation menée au pas de charge ou devra-t-il avantager une coalition forte du soutien de ses « alliés naturels » du Foyer juif représentant les colons (11 élus), de l'ultra orthodoxe sépharade Shass (11) et du Judaïsme unifié de la Torah ashkénaze (7) ? Pour le nouveau parti centriste, le choix est clair. « Nous ne siégerons pas dans un gouvernement qui ne négociera pas avec les Palestiniens », a souligné le dirigeant de Yesh Atid, Meir Cohen. Cette alternative est aussi partagée par l'autre mouvement centriste de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, HaTnouha (6 sièges), qui a fait campagne pour la relance du processus de paix enterré par Netanyahu. Le vote-sanction est aussi l'expression du ras le bol des électeurs inquiets de « l'isolement international de Netanyahu et Lieberman » et soucieux de développer de « bonnes relations » avec les Etats-Unis par delà la construction de « logements supplémentaires dans les colonies » et les « menaces de guerre contre l'Iran ». En perte de vitesse, Netanyahu sera-t-il en phase avec les exigences des urnes ?