Les premiers chasseurs bombardiers ont décollé du porte-avions baptisé Georges H. W. Bush, en l'honneur du président républicain. A la faveur de la nouvelle offensive, le « projet à long terme », si commun à l'Amérique, mobilise un arsenal de guerre impressionnant. Le commandement central Usa, dont l'« aire de responsabilité » comprend le Moyen-Orient, dispose déjà de 100 avions et 8 navires de guerre. D'autres forces, notamment les 10.000 soldats américains au Koweït et 2.000 marines embarqués, peuvent être utilisées. La campagne militaire d'Obama, initiée par les frappes aériennes lancées il y a un mois, s'étend à la zone stratégique de l'Ouest irakien. Pour la première fois, des bombardements ont visé les positions de l'Etat islamique (EI) proches du barrage de Haditha, aux mains des insurgés depuis janvier, après avoir repris au nord le barrage de Mossoul. Le commandement central américain a annoncé qu'« à la demande du gouvernement irakien, les forces militaires américaines ont attaqué les terroristes de l'Etat islamique près de Haditha, dans la province d'Anbar, en soutien aux forces de sécurité irakiennes et aux tribus sunnites protégeant le barrage d'Haditha ». Pour le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, l'objectif est d'« empêcher les terroristes de menacer la sécurité du barrage qui reste sous contrôle des forces irakiennes soutenues par les tribus sunnites ». Il s'agit du deuxième plus important barrage d'Irak pour la production d'électricité que l'EI a tenté vainement et à plusieurs reprises de conquérir. Le nouveau front du Nord prépare l'assaut final atlantique esquissé, vendredi dernier, par les représentants des 10 pays de l'Otan (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Turquie, Pologne, Danemark, Canada, Australie). La coalition que Washington espère voir le jour en septembre est destinée à apporter un « soutien militaire » à l'Irak et à « stopper le flux des combattants étrangers, contrer le financement de l'EI et traiter la crise humanitaire ». Le secrétaire d'Etat, John Kerry, a posé les « lignes rouges ». Attendu prochainement au Moyen-Orient, il a affirmé qu'« il n'y aura pas de troupes au sol ». Le plan d'action qui sera présenté par Obama, mercredi prochain, prévoit des frappes aériennes en soutien au travail sur le terrain par les troupes irakiennes et kurdes. Il n'entend pas lancer « l'équivalent de la guerre en Irak ». Mais dans un entretien à NBC News au lendemain de son retour du sommet de l'Otan au pays de Galles, le président américain a affirmé que la « prochaine phase est de passer à une forme d'attaque ». Au cœur du dispositif, l'Otan a fait appel à la Ligue arabe appelée, selon le secrétaire d'Etat américain, à « prendre une position forte au sein de la coalition ». Saluée par Baghdad, la coalition est au menu des travaux des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe. Si le CGC (Conseil de la coopération du Golfe), tournant la page des désaccords, veut faire front commun, l'exclusion de l'Iran et de la Syrie, lançant des frappes contre l'EI dans son bastion Raqa, éclaire sur les enjeux de l'engagement atlantique. « Ce danger menace toute la région, et il faut une coopération internationale », a martelé le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, jugeant peu sérieux l'attitude américaine coupable de soutien à l'EIIL en Syrie. Un autre couac : en Jordanie, le roi Abdullah, présent au sommet de l'Otan, est confronté à la fronde des opposants à la guerre exigeant de rester en dehors du conflit. Un mémorandum, signé par 21 députés de différentes tendances, demande au gouvernement Atef Tarawneh de ne pas « engager la Jordanie », estimant que « cette guerre n'est pas notre guerre » et rejetant « toute contribution jordanienne à une bataille qui n'est pas la nôtre ».