Plus de 30 personnes ont péri dans une attaque contre une mosquée sunnite hier en Irak, en pleine offensive des djihadistes de l'Etat islamique (EI) qui, selon les Etats-Unis, représentent un danger sans précédent. Malgré la menace de ce groupe à la réputation sanguinaire d'exécuter un second otage américain après le journaliste James Foley, l'administration américaine a promis de poursuivre les frappes aériennes contre l'EI dans le nord irakien pour aider les forces kurdes et irakiennes à les repousser. Les récits de l'attaque contre la mosquée, qui a fait aussi des dizaines de blessés, variaient selon les sources, un habitant et une députée l'imputant à une «vengeance» de milices chiites après une attaque contre leur patrouille, alors que des officiers de l'armée et de la police l'attribuaient à l'EI. Selon ces officiers, un kamikaze de l'EI s'est fait exploser à l'intérieur de la mosquée dans la localité de Hamrine, au nord-est de Baghdad, et des miliciens chiites ont tiré sur des fidèles au moment de la prière du vendredi dans une mosquée sunnite au nord-est de Baghdad, faisant au moins 70 morts, selon un nouveau bilan donné par des officiers irakiens et des docteurs. Depuis plus d'un an, l'Irak était ensanglanté par des attentats quasi-quotidiens visant principalement la communauté chiite et les forces de sécurité, mais ces attaques avaient baissé d'intensité après l'offensive jihadiste lancée le 9 juin. Après la déroute des forces armées devant l'offensive de l'EI, les autorités irakiennes se sont tournées vers les milices chiites au nord de Baghdad pour soutenir ses troupes, et aux tribus sunnites à l'ouest. Sur le front de guerre avec l'EI, les forces kurdes et les forces irakiennes tentaient de gagner du terrain face aux jihadistes dans le Nord, après avoir réussi à reprendre dimanche le barrage vital de Mossoul, avec le soutien aérien américain crucial et après la livraison d'armes occidentales. Elles tentaient surtout de reprendre la ville clé de Jalawla conquise le 11 août par les jihadistes. De l'autre côté de la frontière, en Syrie, l'EI qui combat aussi bien les rebelles que le régime, a perdu 70 hommes ces dernières 48 heures dans les combats avec l'armée syrienne qui tente de défendre son dernier bastion - un aéroport militaire - dans la province septentrionale de Raqqa. Face à la violence inouïe dans ces deux pays voisins, la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a déploré la «paralysie» de la communauté internationale qui «encourage les assassins, les destructeurs et les tortionnaires en Syrie et en Irak». Alors que les divisions internationales ont bloqué toute initiative sur la Syrie, Washington et ses alliés occidentaux cherchent à préparer désormais une stratégie à long terme pour tenter de stopper l'EI qualifié de «cancer» par le président Barack Obama. L'EI est «plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connu. Il va au-delà de tout autre groupe terroriste», a déclaré jeudi le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, s'exprimant pour la première fois en termes aussi forts au sujet de ce groupe. Mais pour le défaire, il faudra s'y attaquer des deux côtés de la frontière, c'est-à-dire «aussi en Syrie» et «cela sera possible lorsque nous aurons une coalition en mesure de vaincre l'EI», a jugé le chef d'état-major interarmées, le général Martin Dempsey, présent à la conférence de presse à Washington. Ce groupe extrémiste sunnite, né en 2006 en Irak sous un autre nom et réapparu avec toute sa force en 2013 en pleine guerre en Syrie voisine, est responsable de multiples exactions -exécutions, viols et persécutions. Il proclame fin juin un «califat» sur les larges pans de territoires qu'ils contrôlent à cheval entre l'Irak et la Syrie, poussant à la fuite des centaines de milliers de personnes. Mais c'est surtout la diffusion mardi d'une vidéo dans laquelle l'EI montre l'un de ses combattants, vraisemblablement britannique, décapiter le journaliste américain James Foley, enlevé en 2012 en Syrie, qui a poussé la communauté internationale à tirer la sonnette d'alarme. MM.Hagel et Dempsey ne se sont pas étendus sur le déroulement d'un raid organisé en juillet en Syrie pour tenter de sauver les otages américains, dont James Foley, détenus par l'EI.