Alors qu'ils savent la fragilité du cessez-le-feu conclu vendredi dernier à Minsk, en Biélorussie, la Russie (médiatrice de l'accord) et l'Ukraine paraissent déterminées à prolonger la trêve pour une issue pacifique de la crise, et ce, malgré quelques « escarmouches » qui éclatent ici et là dans l'Est ukrainien. En effet, les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko ont constaté, samedi dernier, au cours d'un entretien téléphonique, que la trêve était « globalement respectée ». « Les deux présidents ont discuté de mesures à prendre pour que le cessez-le-feu ait un caractère durable », ont indiqué le Kremlin et la présidence ukrainienne, ajoutant que les deux dirigeants ont également évoqué des questions de « livraison de l'aide humanitaire » aux habitants des deux bastions des séparatistes, Lougansk et Donetsk. L'intérêt capital que les deux hommes portent pour cet accord n'est pas sans raisons. Sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les deux parties ont fini par se mettre d'accord sur un certain nombre de questions, dont une grande partie est d'ordre politique. Notamment celle portant sur la décentralisation du pouvoir en Ukraine qui permettrait, selon le document publié hier par l'OSCE, la mise en place d'un gouvernement autonome provisoire local dans les régions de Donetsk et Lougansk, en vertu d'une loi sur un « statut spécial ». Mais une telle perspective devrait s'inscrire dans le cadre d'un dialogue national inclusif avec en point de mire l'organisation d'élections locales anticipées dans ces deux grandes villes pro-russes. Sur le terrain, l'accord, qui confie à l'organisation européenne le contrôle « constant et actif » de la frontière entre l'Ukraine et la Russie, prévoit la création d'une zone de sécurité dans les zones frontalières, la libération immédiate des prisonniers et personnes détenues « illégalement » ainsi que des mesures pour améliorer la situation humanitaire dans le Donbass (régions de Donetsk et de Lougansk). Salué par la communauté internationale, qui y voit un signe de « désescalade » d'une guerre aux conséquences impensables, le cessez-le-feu entre l'Ukraine et les Républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk est toutefois considéré comme une « victoire politique de Vladimir Poutine » par les médias occidentaux.