Un signe positif d'ouverture des « couloirs humanitaires » par la Côte d'Ivoire (avec la Guinée et le Liberia) et le Sénégal pour permettre l'accès des organisations internationales aux pays touchés par Ebola, conformément aux décisions des ministres de la Santé de la Cédéao, en conclave le 28 août dernier à Accra. La terrible tragédie ne peut laisser indifférente l'Afrique qui veut une « réponse africaine unie, complète et collective », revendiquée par la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. Par-delà toute velléité de stigmatisation des « victimes, des communautés ou des pays », le défi impose un rempart de solidarité aux antipodes du régime d'autarcie vécu par les pays parias. En Sierra Leone, où le bilan frôle les 500 morts, les autorités ont annoncé une mesure extrême : le confinement à domicile de tous les habitants du 19 au 21 septembre. Ebola a frappé fort. La crise sanitaire coûtera, selon le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, Carlos Lopes, « plusieurs points du PIB » à la Guinée, au Sierra Léone et au Liberia, les trois pays les plus touchés. Car l'impact du fléau a déstructuré le secteur agricole lourdement perturbé et le flux d'investissement remis tout naturellement à plus tard. Face à « la faiblesse des systèmes de santé », générant une « grave pénurie » de personnel qualifié, la présidente de la Commission africaine privilégie une approche qui doit à la fois éviter les mesures à « impact social et économique supérieur à celui de la maladie elle-même » et permettre un sursaut salvateur. « On ne peut s'attaquer à Ebola qu'avec des investissements massifs », insiste Carlos Lopes, appelant à un effort international soutenu pour pallier l'indifférence de la communauté internationale accusée d'avoir tardé à prendre au sérieux le fléau qui s'est étendu, outre la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, au Nigeria où des décès ont été recensés et également au Sénégal. Il s'agit de la plus grave crise depuis la découverte en 1976 du virus. Selon l'OMS, près de 4.000 personnes ont déjà été infectées depuis le début de l'année, dont plus de 2.000 victimes sont mortes. « Les femmes paient le plus lourd tribut à cette maladie car ce sont elles qui s'occupent des malades, des enfants et membres de la famille et préparent les corps pour les enterrements », a encore ajouté Mme Dlamini-Zuma, déterminée à « gagner la bataille ». Si la thérapie de choc est suspendue à la disponibilité du vaccin, attendue en novembre en priorité pour le personnel de santé, des investissements massifs sont plus que nécessaires pour faire face à la crise. Ils sont de l'ordre de 600 millions de dollars, estime l'ONU. L'apport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), annonçant à la fin août un plan de 100 millions de dollars, et de la Commission européenne, qui s'est engagée vendredi à débloquer 140 millions d'euros, constitue des pas nécessaires, mais insuffisants.