L'immigration clandestine continue d'être un fléau qui porte un grave préjudice à l'économie de la région frontalière. En l'absence d'une véritable volonté des voisins marocains de juguler le phénomène, l'Algérie continuera d'être le réceptacle de tous les clandestins et les sans-papiers refoulés du Maroc. Mais ce qui inquiète surtout c'est l'apparition de bandits de grands chemins qui ont commencé à écumer certains régions frontalières du Sud-Ouest. Ces derniers, des sujets marocains pour la plupart, s'attaquent, selon des sources locales, aux troupeaux de chameaux qui passent en liberté dans les vastes étendues du Sahara. Pis encore, certains individus interpellés étaient en possession d'armes à feu, de jumelles et de moyens de communication, ce qui laisse penser à l'existence d'un véritable réseau de trafic qui pourrait s'approvisionner en Algérie (grâce au vol avec violence) pour alimenter certains pays européens. Il y a quelques jours (le 27 août), un ressortissant marocain, âgé de 65 ans, qui s'était introduit clandestinement en territoire algérien a été appréhendé par les éléments des garde-frontières. Au cours de l'opération intervenue au lieudit Oued Lahmaïd, non loin de Zegdou (wilaya de Béchar) les gardes-frontières ont saisi un fusil et une paire de jumelles qui constituaient l'arsenal de cet individu. Quelques jours auparavant, dans la zone de Hassi El Mir, dans la wilaya de Béchar, des nomades avaient arrêté trois sujets marocains qui avaient tenté de subtiliser des chameaux. Ces individus, qui s'étaient introduits clandestinement en territoire national, étaient munis de paires de jumelles et de fusils de chasse. Ces faits ne devraient pas en principe être traités comme des événements isolés, bien au contraire, ils semblent constituer des indices prouvant l'existence d'un réseau de trafic qui aurait jeté son dévolu sur les tribus du Sud qui peuplent la région. L'autre fait gravissime signalé, ces derniers jours, dans la région frontalière, est l'arrestation de plusieurs clandestins refoulés du Maroc. Si, auparavant, le phénomène concernait exclusivement des ressortissants de pays subsahariens, aujourd'hui, il s'est étendu pour toucher d'autres nationalités. C'est ainsi qu'à Maghnia, ce sont quatre clandestins bangladeshis qui furent interpellés au moment où ils tentaient de s'introduire illégalement en Algérie. Cette nouveauté constitue un facteur d'inquiétude puisque le Maroc, lancé, dans le cadre d'accords avec l'Espagne et la France, dans la guerre contre l'émigration clandestine ne s'embarrasse pas pour refouler vers l'Algérie tous les étrangers arrêtés en situation irrégulière sur son territoire. Même si, d'après certaines sources locales, des camps de tri et de détention destinés aux clandestins ont été ouverts dans certaines localités marocaines, cela n'empêche pas les autorités de Rabat de continuer à considérer l'Algérie comme un lieu où elles peuvent se débarrasser de tous les rebus.