Ce moyen de locomotion, qui devait entrer en exploitation mardi dernier, ne l'a été qu'hier, au grand bonheur de ceux et celles qui l'attendaient avec impatience. Le déferlement des usagers le jour du lancement officiel a causé une bousculade qui a coincé les portes des cabines, ce qui a entraîné un report de la mise en exploitation au lendemain. Cela a posé un problème de sécurité auquel il fallait remédier. Fini donc les embouteillages qui empoisonnaient la vie des Algérois et autres visiteurs de la capitale, et par conséquent, moins de stress et de retard pour rejoindre sa destination pour les usagers empruntant cette direction. Hier, les 57 cabines ovales en ligne, de couleur bleu foncé, étaient en rotation ininterrompue depuis 8 h dans le ciel gris d'Oued Koriche jusqu'à Bouzaréah, en passant par Beau Fraisier, et ce, toutes les 22 secondes, soit 2.400 voyageurs par heure dans les deux sens. La vitesse du téléphérique est de 6 m par seconde. Les usagers n'ont pas de temps à perdre dans la station. D'ailleurs, en ce premier jour de lancement de l'exploitation commerciale, certaines cabines partaient et revenaient vides. « C'est un démarrage timide, les gens découvrent ce moyen. Maintenant, on ne peut avoir d'estimation sur la fréquence des usagers, il faut attendre le comptage à la fin de la journée, et d'ici à une semaine, on connaîtra l'affluence », explique Larbi Boumediène, directeur des transports techniques à l'ETUSA, qui était présent sur les lieux. De loin, dans les escaliers menant vers la station, on peut apercevoir des usagers de tous âges. Jeunes, moins jeunes et enfants en compagnie de leurs parents s'empressaient de rejoindre le téléphérique. A l'entrée, une grande affiche collée au mur indique les dispositions générales d'accès et de voyage. Les enfants de moins de 15 ans ne sont pas acceptés et doivent être obligatoirement accompagnés. « L'enfant peut faire basculer la cabine. Pour lui, c'est un jeu, et cela risque de poser un problème de sécurité », indique un responsable au niveau de la station. Les animaux ne sont pas admis, non plus. « On assure la sécurité des usagers et du matériel », a-t-il ajouté. Deux entrées sont disponibles : la première pour le commun des usagers et la seconde, une rampe, est conçue pour les handicapés. L'achat du ticket, qui est de 30 DA, se fait à l'entrée de la station. Deux zones sont aménagées, l'une pour le débarquement (à droite) et une autre pour l'embarquement (à gauche). La capacité de transport de la cabine est de 15 places, soit 9 assises et 6 debout. Au niveau des deux haltes, celle d' Oued Koriche et de Beau Fraisier (cité militaire), la vitesse est nettement ralentie pour permettre aux usagers de descendre en toute tranquillité. Un voyage à vide est systématiquement réalisé chaque matin avant d'entamer uns quelconque desserte afin de tester la sécurité et de s'assurer que le matériel est en bon état, d'après le directeur des transports de l'ETUSA. « Nous assurons un transport écologique et de sécurité, l'automate ferme automatiquement les portes », a indiqué le même responsable. Aussi, en cas de panne, un automate de secours est disponible au niveau de la station intermédiaire afin de ne pas pénaliser les clients, affirme-t-il. Un vrai moment de plaisir « Le téléphérique est un moyen de transport rapide et pratique, il nous permet de gagner du temps », assure un jeune homme détenant un commerce à Bab El Oued et habitant le quartier Climat-de- France, à Bouzaréah. « Ce moyen de transport est très utile pour la région qui présente un relief adapté, il fallait penser à investir dans ce créneau bien avant », nous dit Karima, étudiante. En effet, la configuration géographique d'Alger nécessite l'installation de ce genre d'infrastructures. « Nous sommes montées à Bouzaréah, et maintenant nous sommes de retour, c'est très agréable, on ne demande pas mieux », a indiqué une jeune fille en compagnie de sa maman. Pour un jeune commerçant à Bab El Oued et habitant à Bouzaréah, fini les sandwichs à midi. « Désormais, je peux rentrer chez moi à midi pour manger », lance-t-il. Une dame a affirmé, pour sa part, qu'elle ne prendra plus les taxis. « Cela me rend un grand service. Fini, pour moi, les embouteillages », dit-elle. En plus du service de transport, le téléphérique offre une vue panoramique sur la baie d'Alger, ses grands boulevards et ses institutions telles que l'hôtel El Aurassi. Douze minutes de contemplation, loin des bousculades des bus, c'est un vrai moment de plaisir. Le téléphérique est ouvert tous les jours de la semaine de 6 h à 19 h. Il vient s'ajouter aux autres téléphériques d'Alger, ceux reliant El Madania-Belouizdad, Riadh El Feth-Jardin d'essai, palais de la Culture-Oued Kniss et Notre-Dame-d'Afrique-Bologhine. Un autre projet du genre, qui reliera Bab El Oued à Z'ghara, soit sur une distance de deux kilomètres, est prévu prochainement, selon Larbi Boumediène. D'autres projets sont également prévus à Constantine et Skikda, nous fera-t-il savoir.