« Il faut avoir l'audace d'aller vers un autre théâtre », argumente, devant la presse, Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Bejaïa et commissaire du Festival international du théâtre de Bejaïa, qui se tiendra du 29 octobre au 5 novembre. Il expliquait alors l'originalité du choix du lieu de la cérémonie d'ouverture qui doit se dérouler sur le pont d'un bateau, dans les eaux du port de Bejaïa. Il sera entouré d'une vingtaine de barques, représentant chacune un pays, conduites par des pêcheurs exécutant une sorte de ballet marin. « Si la météo est favorable », ajoute-t-il avec prudence. De la place Gueydon, les Bejaouis pourront profiter des représentations, notamment d'une troupe de théâtre cirque et de quelques pas de danse avec un ancien du Ballet national algérien, âgé aujourd'hui de 75 ans ! Cinq courtes scènes qui seront agrémentées par un spectacle pyrotechnique. Voilà pour l'entrée en matière si le beau temps est au rendez-vous, sinon les spectacles prévus se rabattront sur l'espace de la maison de la culture. Dans la soirée, le spectacle inaugural se fera avec la représentation de la troupe du Portugal dans la salle du TRB. Cette année, le festival se déroule sous la thématique du tryptique Théâtre-Port-Cité et, en conséquence, le colloque scientifique international réfléchira sur la problématique théâtre et architecture « interrogations sur les espaces de représentations ». Cette édition du festival donne également la part belle à la formation puisqu'il y aura cinq master classes encadrées par des sommités de cet art, une journée thématique consacrée au dramaturge algérien, Kateb Yacine, la veille du déclenchement de la révolution de 1954, d'une exposition en hommage au scénographe Abdelkader Farrah qui a fait les beaux jours de la Royal Shakespeare Company, à Londres, ainsi qu'un espace vitrine sur le boulevard Amirouche pour les artistes et artisans bejaouis qui pourront ainsi faire valoir leur arts et produits artistiques. Les enfants n'ont pas été oubliés, précise Omar Fetmouche, puisqu'ils auront leur part de spectacles et un espace solidarité est mis à la disposition, comme l'an dernier, au bénéfice des associations qui désirent l'investir. Enormément donc de spectacles, d'origines diverses, puisque les troupes invitées viennent d'Europe (Portugal, France, Italie, Belgique, Luxembourg...), d'Afrique (Algérie, Egypte, Maroc, Tunisie, Benin, Côte d'Ivoire...), et du Moyen-Orient (Irak, Qatar, Palestine...). Une troupe canadienne s'est désistée à la dernière minute. Outre les scènes du TRB et de la maison de la culture qui accueilleront ces troupes, les organisateurs du festival, qui ont disposé d'un budget de 70 millions de dinars, ont également concocté un programme de proximité qui amènera les spectacles dans les localités de Tichy, Amizour, Sidi Aïch, et dans les résidences universitaires, tout en prévoyant une scène mobile qui accueillera quelques représentations. Plus encore, certaines pièces sont programmées dans les wilayas de Tizi Ouzou, Alger, Bordj Menaïel et Boumerdès. Enfin, le festival a fait une place pour débattre aussi du théâtre féminin et du théâtre amazigh, outre les sessions consacrées à Kateb Yacine. Omar Fetmouche a, également, signalé la perspective de la création d'un théâtre cirque à Tichy. « Il faut bien que le festival débouche sur quelque chose de concret pour Bejaïa », estime-t-il.