Le Th��tre r�gional Malek-Bouguermouh de B�ja�a multiplie ces derni�res ann�es les tourn�es dans les coins le plus recul�s de la wilaya. Une offensive qui s�est av�r�e fructueuse tant la quantit� des spectacles a permis la reconqu�te d�un public qui jusque-l�, et pour moult raisons, �tait indiff�rent au quatri�me art. Omar Fetmouche, auteur, metteur en sc�ne et directeur du th��tre de B�ja�a, nous en parle avec passion. Le Soir d�Alg�rie: Le public a d�sert� les salles depuis les ann�es 1990. Opter pour un th��tre de proximit� est-ce la seule alternative ? Omar Fetmouche : Assur�ment. La wilaya de B�ja�a compte 52 communes en sus de gros villages � forte concentration d�mographique. Il va de soi que ces populations qui habitent tr�s loin du chef-lieu ont droit eux aussi � leur part de divertissement et de d�tente, puisqu�ils n�ont pas les moyens de rejoindre notre th��tre, il nous incombe d�aller vers eux. D�abord, porter le th��tre et la f�te au sein de ces populations �loign�es, leur faire d�couvrir et aimer le th��tre et, enfin, stimuler le besoin du spectacle si on veut que dans dix ans, ce m�me public consentira � se d�placer jusqu�au TRB pour voir une repr�sentation th��trale. Il s�agit pour nous de r�concilier le public avec son th��tre � long terme. D�ployer un th��tre de proximit� se veut aussi comme une volont� de notre part d�instaurer des traditions de pratique th��trale encore timide dans certaines communes. On �uvre � cr�er des jeunes troupes et � les accompagner sur le plan logistique pour qu�elles assurent elles-m�mes une animation locale. Enfin, cette animation th��trale dans notre environnement imm�diat fait partie de notre programme. Le TRB est appel� � intervenir dans toute la r�gion. En sus des communes, nos services de programmation sollicitent aussi les comit�s de cit�s universitaires Quel bilan tirez-vous de cette exp�rience ? Apr�s les semaines th��trales de Bordj Mira, Kherrata, Souk-El-Tenine, Tichy, Aokas et El-Kseur, on ne peut que s�en r�jouir, car le public a tr�s bien accueilli l�initiative et certains de nos interlocuteurs ont d�j� engag� la r�flexion pour permaniser l�activit�. Mais qu�en est-il concr�tement de l�impact de votre initiative ? Certaines communes qui poss�dent des salles de cin�ma ferm�es jusque-l� ont �t� oblig�es de les rouvrir et d�accomplir quelques menus travaux pour la circonstance. Cela a permis � titre d�exemple � la salle de Tichy de retrouver un regain d�activit�. une association a �t� cr��e. Elle est � pied d��uvre et nous lui apportons tout notre soutien. Des comit�s de cit� nous sollicitent r�guli�rement pour toute programmation. Aller vers le public est-ce une nouvelle approche de la pratique th��trale r�fl�chie ? Je vous rappelle que le th��tre grec se d�pla�ait de village en village pour porter la parole du po�te. Chez nous et dans les ann�es 1970, Kateb Yacine et sa troupe se d�pla�aient dans les usines, les centres de formation professionnelle, les lyc�es, les villages agricoles� Alloula aussi et tous ceux qui ont lutt� pour rapprocher le th��tre de son vrai public. Il faut le dire : le public n�existe pas uniquement dans les grands centre urbains, le public de l�Alg�rie profonde c�est celui des communes d�sh�rit�es, des villages et des quartiers de banlieue. L��clatement de l�urbanisme, la diversification et la complexit� du cadre de vie, le manque d�infrastructures de la repr�sentation� tout cela doit nous inciter � repenser autrement l�instauration de nouvelles traditions th��trales.