Un hommage est rendu au défunt Mustapha Lacheraf, à l'occasion d'une rencontre nationale, qui se tient depuis mardi dernier à l'université Yahia-Farès de Médéa. De nombreux universitaires, chercheurs et historiens de plusieurs universités du pays prennent part à cette rencontre qui se focalise sur la pensée et les œuvres de cet intellectuel hors pair, qui a tant apporté à la culture algérienne, en particulier, et à son histoire de manière générale. Plusieurs communications figurent au programme de cette rencontre de trois jours, qui va tenter d'apporter des éclairages nouveaux sur l'œuvre monumentale de ce théoricien de l'éducation et de cet intellectuel engagé. La rencontre devrait être clôturée par une visite guidée à la ville natale de ce militant de la cause nationale. Mostefa Lacheraf est né le 7 mars 1917 à El Kerma, commune de Chellalet el-Adhaoura (sud de Médéa), connue à l'époque coloniale sous l'appellation de Maginot. Militant de la cause nationale, il intègre, dès l'année 1939, le PPA, puis rallie le MTLD qu'il quitte, peu de temps après, pour se consacrer exclusivement à la presse. Il sera le rédacteur en chef du journal « L'étoile algérienne », organe officiel du PPA-MTLD. Il fera partie de la délégation des dirigeants de la Révolution algérienne, dont l'avion sera détourné par l'armée coloniale le 22 octobre 1956. Emprisonné aux Baumettes, à Fresnes, à la Santé, à Fort Liedot, il est libéré en 1961. Il quitte alors clandestinement la France pour Le Caire, avant de s'installer à Tunis où il sera chargé de multiples missions, dont celle de l'élaboration du Programme de Tripoli. Il occupera, à l'indépendance du pays, le poste de rédacteur en chef du quotidien national El Moudjahid, puis nommé, en octobre 1965, ambassadeur en Argentine et, plus tard, au Mexique. Il devint, entre 1970 et 1974, conseiller auprès de la présidence de la République, chargé du dossier de l'éducation et de la culture, avant d'être nommé, à nouveau, ambassadeur en Amérique latine. Mostefa Lacheraf participe à la rédaction de la Charte nationale de 1976, puis est nommé ministre de l'Education de 1977 à 1979. Il réintégra, ensuite, le corps diplomatique et sera nommé ambassadeur au Mexique, puis délégué permanent de l'Algérie auprès de l'Unesco, chef de mission à l'ambassade d'Algérie à Lima, au Pérou. Après une éclipse de la scène politique nationale, le défunt Mohamed Boudiaf le désigne, en 1992, à la tête du Conseil Consultatif National, dernier poste officiel qu'il occupera avant son décès, des suites d'un accident vasculaire cérébral le 13 janvier 2007. Mustapha Lacheraf était, avant tout, un penseur et un intellectuel pluridisciplinaire et prolifique. Parmi la riche bibliographie qu'il a laissée, l'on peut citer : « Chansons des jeunes filles arabes », « L'Algérie : nation et société », « La culture algérienne contemporaine, essai de définitions et perspectives », « Les problèmes de l'enseignement et de l'éducation », « Algérie et Tiers-Monde, agressions, résistances et solidarités intercontinentales », « Ecrits didactiques sur la culture, l'histoire et la société », « Littératures de combat, Essais d'introductions : études et préfaces », « Des noms et des lieux. Mémoires d'une Algérie oubliée », « Les ruptures et l'oubli ».