L'obésité gagne du terrain parmi la population juvénile. La sonnette d'alarme est de nouveau tirée par les médecins, réunis jeudi dernier à Dar El Imam (Alger) à l'occasion d'une journée d'étude et de sensibilisation organisée à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de l'alimentation. Au cours de cette rencontre initiée par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), les participants ont mis l'accent sur la nécessité de manger équilibré et éviter ainsi le surpoids et l'obésité qui génèrent des maladies graves. Cette inquiétude est corroborée par les résultats d'une étude menée pendant l'année en cours auprès des élèves du primaire et du moyen de la circonscription d'El Harrach. Sur un échantillon de 2012 élèves, dont 53 % de filles, l'enquête révèle que 17 % des filles et 16 % des garçons sont obèses. 5% d'entre eux présentent même une obésité sévère. Pour le Dr F. Belkaim, « les causes sont multiples ». Il relèvera en premier lieu les facteurs génétiques et les problèmes psychoaffectifs (stress, ennui, problèmes familiaux ou séparation des conjoints) qui sont des éléments déclencheurs. « Dans de telles situations, les enfants se terrent et se réfugient dans une alimentation destructrice comme le chocolat », dira-t-elle. L'intervenante ne manquera pas de pointer du doigt « la sédentarisation et le manque d'activité, la destruction du repas équilibré au profit de repas pris dans les fast-food et pizzerias ». « Ces derniers sont très salés et sucrés » a-t-elle fait remarquer. Ravages des sandwichs De son côté, un pédiatre exerçant au sein de l'Etablissement public hospitalier (EPH) d'El Harrach, le Dr. Sahraoui-Tahar a affirmé que le but de cette journée à laquelle ont pris part des lycéens de l'établissement Mohamed-Hadjres (Mohamadia) est « de sensibiliser sur le phénomène de l'obésité devenu fréquent chez les enfants ». « Ces derniers ne mangent plus comme il se doit. Ils se contentent d'un sandwich et d'un soda pris hâtivement à midi. Or ces aliments sont très sucrés et salés. Au vu du taux de sucre dans la boisson gazeuse qui est de l'ordre de 14 grammes par litre au lieu de 6 grammes comme cela se fait ailleurs, il faut s'alarmer ». Ce spécialiste accuse également l'utilisation du cheddar dans les pizzas. « On n'a pas de traçabilité pour ce produit. On ne sait même pas si la graisse comprise dans ses composants est d'origine animale ou végétale. A Alger, un seul appareil existe pour effectuer les vérifications nécessaires », déplore-t-il. L'obésité semble toucher même les enfants en bas âge. Bariza Berouis, puéricultrice à la PMI d'Oued Romane, affirme que « les bébés auscultés au sein de l'établissement sont en surpoids. Le lait artificiel, notamment une marque bien précise, fait augmenter le poids en un temps record ». Le médecin regrette par ailleurs l'attitude de certaines mamans qui favorisent l'augmentation du poids en donnant du lait en poudre, destiné à des adultes, pour leurs enfants à partir du 6e mois ». Le président de la Fondation nationale pour la Promotion de la santé et le Développement de la Recherche (FOREM), le Pr Mustapha Khiati, a, lors de son intervention, insisté sur l'importance des contrôles alimentaires. Il citera à ce propos une enquête menée en septembre 2014 par la Forem dans 10 localités d'Alger (Alger-Centre, El Harrach, Rouiba, Dergana, Bab El Oued, Hussein Dey, Bordj El Kiffan, Zéralda, Bab Ezzouar) auprès de 4250 personnes. 61,79 % d'entre elles ont déjà eu une intoxication, 68,24% ont consulté un médecin et 16 personnes ont été hospitalisées. Ces intoxications sont, chez certains sujets, répétitives à raison de 2 à 3 par an. Une nouvelle attitude commence pourtant à émerger chez ces consommateurs clients de fast-food et pizzerias. Ils ne restent plus les bras croisés. 13 % des personnes intoxiquées ont porté plainte.