Deux journées consacrées au développement de la femme rurale ont été organisées le 17 et 18 octobre au siège du Fayet Club à Ouled Fayet, sous le haut patronage de la ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme. Cette rencontre, à laquelle était associé le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, s'est caractérisée par une exposition-vente de produits du terroir des femmes de diverses wilayas. Cette activité s'inscrit dans le cadre de l'année internationale de l'agriculture familiale décrétée par la FAO. Celle-ci est définie comme l'ensemble des activités agricoles reposant sur la famille. Hier, lors de la seconde journée de la manifestation, des communications et débats entre experts ont eu lieu. Evoquant la place de la femme rurale dans l'agriculture familiale, Mme Zitoune Baya, docteur en agronomie et présidente de l'association nationale femmes et développement rural, a valorisé le rôle de la femme rurale dans le développement agricole. « La plupart d'entre elles exercent leur activité dans un cadre informel ou familial », dira-t-elle. « Si certaines travaillent dans des exploitations agricoles familiales, d'autres en sont des gestionnaires directes », a-t-elle ajouté. « Ces femmes présentes dans tous les processus de production et de transformation jouent un rôle pivot dans la sécurité alimentaire durable en tant que productrices et pourvoyeuses d'aliments », a-t-elle affirmé. D'où l'intérêt de promouvoir leur rôle en répondant à leurs attentes et besoins. L'intervenante a déploré cependant, « l'absence d'étude relative à la situation économique de la femme rurale ». La dernière étude faite par le CNEAP date de 2003. La nouveauté, s'est-elle félicitée, « ce sont ces jeunes universitaires qui veulent investir dans la micro-entreprise et autres dispositifs mis en place par l'Etat ». « La plupart des habitants du monde rural de notre pays sont des gens humbles », dira Hadj Henni, expert fondation Filaha (GRFI). « Comment faire des choses extraordinaires avec des gens ordinaires ? », s'est-il interrogé. Il a proposé d'organiser ces derniers et de les impliquer dans le monde industriel pour faire de leur production agricole un label de qualité. Selon Henni, « pour le développement du secteur agraire, il y a lieu de considérer les moyens et le savoir-faire humains, l'implantation et le travail de la terre et l'organisation socioprofessionnelle à l'échelle familiale ». Les savoir-faire locaux existent partout.Tel est le constat de Yasmina Benlemlem, responsable de Dar Djeddi. Selon l'intervenante, depuis quelques années, beaucoup de pays ont entamé leur recensement. « Ils se sont rendu compte qu'il y a de véritables enjeux de développement dans les techniques ancestrales », dira-t-elle. A contrario, en Algérie, ces savoir-faire sont menacés d'oubli. Elle a appelé à l'unification des efforts pour les protéger par le recensement, l'édition d'une publication à large diffusion et la valorisation scientifique. « Les Algériens savent-ils que pratiquement tout ce que nous consommons provient de semences hybrides F1, c'est-à-dire non productibles et OGM (génétiquement modifiés) ? », s'est interrogé le docteur Karim Rahal, collectif agro-écologie Torba. Ses explications révèlent que ces semences industrielles condamnent le consommateur à devenir définitivement dépendant alimentaire, sans parler des risques inhérents à l'environnement et à sa santé. « Il doit prendre conscience de ces enjeux et revenir au concept d'agroécologique, une agriculture respectueuse de l'environnement », a-t-il affirmé. « Il est urgent qu'il participe à cette prise de conscience avant qu'il ne soit trop tard », a-t-il averti.