Le forum de la mémoire du centre de presse Mohamed Abderahmani d'El Moudjahid a honoré, hier, le premier ministre de l'Information de l'Algérie indépendante. Il s'agit de Hadj Hamou (95 ans) que le poids de l'âge n'a pas dissuadé de venir. Il garde toute la vivacité de sa mémoire. Avec émotion, il s'est rappelé des circonstances de l'exécution de ses camarades. Il s'est remémoré également la naissance de la presse algérienne avant et après l'indépendance. « Elle a été, dira-t-il, au service du FLN et de la société ». Cette initiative d'honorer le premier ministre de l'information revient à l'association Machaâl Echahid présidée par Mohamed Abbad et à la PDG du journal El Moudjahid, Naâma Abbas. Un burnous blanc, une écharpe aux couleurs nationales lui ont été offerts. Etaient présents à cette journée commémorative, des moudjahidine, le professeur Amar Rekhila et des élèves de terminale et de quatrième année du lycée et du CEM KatebYacine de Kouba. Mme Naâma Abbas a rappelé que la date choisie par le président Abdelaziz Bouteflika, le 22 octobre, est importante à double titre. Sur le plan historique, elle coïncide avec la sortie dans la clandestinité du premier numéro de « La résistance algérienne », organe de presse du FLN. Le deuxième fait référence au discours du Président qui a promis de doter la presse algérienne de mécanismes juridiques pour s'acquitter de ses missions. « Cette célébration, a-t-elle ajouté, est un hommage au talent de la jeunesse de la révolution qui a sacrifié sa vie et s'est engagée par la suite à la reconstruction nationale ». Evoquant la présence des élèves, elle affirmera que « ces jeunes sont une jonction entre les deux générations ». Comme la presse algérienne a payé un lourd tribut, une édition spéciale a été éditée et sera disponible aujourd'hui dans les kiosques. Par ailleurs, une stèle commémorative sera inaugurée à la mémoire de Mohamed Abderahmani à Melbou (Bejaia) son village natal. L'universitaire Amar Rekhila a fait un exposé sur la presse durant la Révolution. Celle-ci, affirmera-t-il, « travaillait dans la clandestinité, tandis que la France avait mobilisé l'information au point de faire des moudjahidine des hors la loi et des terroristes ». Pour faire circuler les informations, la Révolution avait besoin d'un canal. En 1955, une radio émettait quelques heures dans la clandestinité. En 1956, à Tunis et à Tétouan (Maroc), elle diffusait des informations quelques heures seulement. Ce fut un choc pour les Français en découvrant une radio pour « démolir » l'hégémonie de la puissance coloniale. En 1959, une autre radio émettant de Nador a été inaugurée par M'Hamed Yazid, Saâd Dahleb et Aïssa Messaoudi. D'autres stations de radio émettaient de Tunis, de Libye, du Caire, de Damas et de Baghdad. La presse écrite était également clandestinité. Les services secrets ont pourtant saisi en 1958 quelques numéros d'El Moudjahid. Concernant l'audiovisuel, Amar Rekhila a indiqué qu'il se limitait à couvrir le GPRA. L'agence APS créée en 1961 a complété ce dispositif. « En 1962, avec le départ massif des techniciens et des journalistes français, il fallait relever le défi », a souligné le conférencier. Hadj Hamou a parlé avec passion de la période où il fut coordinateur d'un collectif d'avocats. Il a évoqué aussi les 500 émissions de 20 minutes chacune qu'il avait animées entre 1955 et 1957 pour glorifier l'action des moudjahidine, dénoncer la torture. S'adressant aux jeunes, il les a exhortés « à plus de rigueur et d'abnégation dans le travail ». « Il est honteux de faire appel aux Chinois alors que les jeunes, au chômage, ne sont pas formés », dira-t-il.