La hausse des prix des produits alimentaires, dont les fruits et légumes, est une conséquence de la crise du « modem rentier », qui inhibe la production locale. C'est le constat de l'économiste, expert pétrolier international et président du cabinet Emergy, Mourad Preure, qui a pris part, hier, à une conférence sur le pouvoir d'achat, organisée par l'Association des producteurs et de l'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce). Un modem de rente qui, selon lui, pousse le pays à vivre au-dessus de ses moyens, tout en détruisant le tissu de la productivité. « En fait, la hausse des salaires est une augmentation d'une certaine somme d'argent que l'Etat donne au citoyen pour acheter certains produits alimentaires. C'est cela le modem rentier », explique-t-il, estimant que l'Etat n'a aucun contrôle sur les prix, les exportations, ni même les importations. A propos des ces dernières, le porte-parole de l'Union générale de commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj-Tahar Boulenouar, déplore les marges bénéficiaires faramineuses des importateurs. Le représentant des agriculteurs de la wilaya de Saïda dénonce le nombre élevé d'intermédiaires. « J'ai vendu la pomme de terre à 30 dinars le kilo au marché de gros. Quand on voit qu'elle est à 100 DA au marché de détail, on se demande où est notre marge bénéficiaire », dit-il. De ce fait, le président de l'Apoce, Mustapha Zebdi, a rebondi sur les marges bénéficiaires. « Les prix ne doivent pas dépasser un certain seuil. D'où la nécessité de plafonner les marges bénéficiaires », propose-t-il. Il souhaite également étaler ce genre d'endiguement aux autres biens de consommation mais par d'autres démarches. Ainsi, il juge nécessaire de permettre l'importation de l'Europe de véhicules de moins de trois ans, « d'autant qu'ils sont plus solides que ceux vendus en Algérie ». Idem pour l'importation de la friperie comme substitut « aux articles vestimentaires trop chers ». Il juge utile d'encourager le retour des souks el fellah afin de permettre une commercialisation directe entre l'agriculteur et le consommateur sans passer par les intermédiaires. Le représentant du mouvement associatif a souligné, quant à lui, l'urgence d'une enquête sur les raisons réelles de la hausse des prix sur le marché. « Nous ne croyons plus que les prix obéissent à la règle de l'offre et de la demande. Il y a d'autres considérations qui entrent en ligne de compte. Cette enquête est nécessaire si on veut freiner la dégringolade du pouvoir d'achat », estime-t-il.