Selon son président, l'Etat a débloqué 15 milliards de dinars pour aider les producteurs. A qui donc a profité cette subvention? On savait que beaucoup d'éleveurs de volaille n'avaient pas d'existence légale, mais on était loin d'imaginer, en revanche, qu'ils seraient aussi nombreux. Selon le président de l'association de protection des consommateurs de la wilaya d'Alger, M.Zebdi, la majorité des producteurs de volaille qui activent à travers le pays n'ont pas d'existence légale. Intervenant à l'occasion de la conférence de presse animée, hier, par l'Ugcaa, il a révélé que 80% d'entre eux n'ont pas d'agrément. Les autres éleveurs qui ont une existence légale, eux, se sucrent sur le dos des consommateurs, en profitant de la très forte demande pour faire flamber les prix du poulet sur le marché. Rappelant les efforts déployés par l'Etat et surtout les 15 milliards de dinars de subvention qu'il a accordés aux producteurs, l'invité de l'Ugcaa s'interroge sur la destination réelle de tout cet argent. «Ce n'est pas normal du tout. En l'espace de quelques semaines, le prix du poulet a presque triplé, passant de 170 à 450 DA, voire 490 DA, en certains endroits, sur le marché.», a-t-il confié. Visiblement très contrarié à la suite de toutes ces hausses qui ont érodé le pouvoir d'achat des citoyens, M. Zebdi a tiré à boulets rouges sur les vendeurs d'oeufs, les accusant d'avoir déréglé le marché, en portant le prix de l'unité à 13 DA, alors qu'il était de 8 DA, il y a à peine quelques mois. Criant sa colère, le conférencier a décidé de passer à l'offensive, en appelant les citoyens à boycotter le marché des oeufs si d'ici le 2 novembre le prix de l'oeuf n'est pas ramené à 10 DA. «Le citoyen est le maillon faible de la chaîne. Tout le monde fait des bénéfices, sauf lui que l'on considère comme le dindon de la farce. La situation a trop duré. Nous lançons un appel aux commerçants afin qu'ils revoient à la baisse les prix..S'ils campent sur leur position, les citoyens boycotteront leurs produits.» Le président de l'association de protection des consommateurs de la wilaya d'Alger n'a pas omis de parler, à l'occasion, de ces nouveaux riches qui se sont fait une réputation en achetant tout ce qu'ils trouvent sur le marché, même au prix fort. «Ils sont devenus un baromètre pour les commerçants peu scrupuleux et les parasites de tous bords qui ont envahi le marché et font monter à leur guise les prix», a-t-il déclaré. A ce titre, il n'a pas manqué de stigmatiser la politique du gouvernement, soulignant que «le marché libre ne convient pas aux Algériens et qu'il va à l'encontre de leurs intérêts.». Invité en tant qu'agriculteur activant dans la wilaya de Chlef, M.Laïd Belarbi a axé son intervention sur les problèmes rencontrés par les fellahs, soulignant que beaucoup travaillent à perte et ont dû recourir à l'emprunt pour continuer leur activité. «Les prix des fruits et légumes vendus sur les marchés de détail sont excessivement élevés par rapport à ceux affichés sur les marchés de gros. Tout compte fait, ce sont les détaillants qui prennent la plus grosse marge bénéficiaire. Comme on dit, le fellah produit, les commerçants profitent», a-t-il lancé en guise de boutade. Pour le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, «le problème réside dans la marge bénéficiaire. Les commerçants ne la respectent pas parce que la demande est souvent supérieure à l'offre. Comme pour justifier le dérèglement continuel du marché des fruits et légumes, il a précisé que «les prix sont définis en fonction de la production, autrement dit, plus celle-ci est élevée, plus les prix diminuent.» S'agissant des légumes secs dont les prix ont doublé sur le marché, il a indiqué que si nous voulons les acheter à un prix plus raisonnable, nous devons impérativement les produire chez nous. D'ailleurs, M.Tahar Boulenouar a beaucoup insisté sur l'amélioration de la production pour garantir notre sécurité alimentaire et réduire notre dépendance vis-à-vis des pays occidentaux. Selon lui, le problème n'est pas d'augmenter ou diminuer le nombre des importateurs, mais d'opter pour une politique plus judicieuse en matière de développement économique, qui doit déboucher, à moyen terme, sur la réduction de nos importations, en encourageant, notamment, la production nationale.