Les partis politiques algériens, entre intégrationnistes et indépendantistes, sont surpris durant ces années de sortie de la Seconde Guerre mondiale, en Europe et ailleurs, par une sorte d'« usure » dans leur action, une usure suivie d'une disparition pure et simple de plusieurs d'entre eux au profit du FLN qui va déclencher la Révolution en Novembre et inviter tous les militants à rejoindre ses rangs. Pour le cas de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), elle sera en proie à une grande contestation interne de la part de certains adhérents en raison de la ligne du parti et l'« attitude jugée trop conciliante de ses dirigeants à l'égard des autorités françaises ». Idem pour le PPA-MTLD qui sera pris en étau dans le conflit entre messalistes et centralistes. Et comme pour enfoncer le clou, le PPA souffrira aussi de la crise berbériste de 1949 par le biais de sa fédération de France. Une crise qui se soldera par des purges dans ses rangs. La situation devient plus pesante avec la grande répression des autorités françaises à l'égard des militants nationalistes, après le démantèlement de l'Organisation spéciale (OS). La scène politique algérienne se caractérise ainsi depuis la répression des manifestations du 8 mai 45 par un désappointement au regard du peu de crédibilité du jeu politique malgré les réformes promises par la France coloniale. Selon l'historienne Malika Rahal, plusieurs raisons ont favorisé cette désaffection, d'une part, le durcissement de la répression à l'encontre de tous les militants politiques, la multiplication des arrestations, des procès et des saisies de journaux.... De plus, « il n'y a plus, note-t-elle, d'opportunités permettant d'escompter un réel changement » et mobiliser avec les populations. Lors des élections législatives de 1946, Ferhat Abbes obtient un succès pour l'UDMA. Son parti remporte onze des treize sièges réservés à l'Algérie à l'Assemblée nationale. En octobre 1947, le MTLD de Messali Hadj obtient une large victoire lors des élections municipales entrainant la répression des autorités françaises. En 1948, 36 des 59 candidats du MLTD sont arrêtés. La plupart des figures du mouvement algérien vont être surveillées de près par les services policiers français, d'autres seront exilées vers d'autres pays. La question de l'Indépendance est posée, mais il y a des divergences au sein des partis, de l'Association des oulémas musulmans algériens, aux amis du Manifeste des Libertés et au Parti communiste. Les arrestations et les interdictions se multiplient. Le démantèlement de l'OS pousse ses militants, ceux qui échapperont à la prison, à la clandestinité et même à l'exil, à prendre la décision de passer à l'action. Le Comité Révolutionnaire d'Unité et d'Action (CRUA) fondé en mars 1954 et s'engage à organiser la lutte armée. Il donnera naissance à un mouvement plus rassembleur, le Front de libération nationale (FLN). Le déclenchement de la Révolution est décidé à Alger lors de la réunion des 22 militants du CRUA, à savoir Badji Mokhtar- Belouizdad Athmane - Benboulaïd Mustapha - Benabdelmalek Ramdane - Benaouada Amar - Ben M'hidi Larbi - Bentobbal Lakhdar - Bitat Rabah - Bouadjadj Zoubir - Bouali Said - Bouchaib Ahmed - Boudiaf Mohamed - Boussouf Abdelhafid - Derriche Elias - Didouche Mourad - Habachi Abdesslam - Lamoudi Abdelkader - Mechati Mohamed - Mellah Rachid - Merzougui Mohamed - Souidani Boudjema - Zighoud Youcef. La déclaration du 1er Novembre 1954 est émise à partir de Tunis. Dans la nuit du 1er novembre 1954, plusieurs casernes, postes de gendarmerie sont pris pour cibles par les moudjahidine. Cet événement a eu un grand retentissement auprès des populations. Les militants des autres partis sont invités à rejoindre, à titre individuel, la Révolution qui obtient d'année en année de grands succès sur le terrain et auprès de l'opinion publique internationale. Selon Mabrouk Belhocine, ancien militant du PPA, puis, à partir de 1954, membre du FLN, le PPA était « le seul parti du mouvement national à proclamer l'indépendance comme but principal de son action politique », à tel point que d'autres diront que sans ce parti, « le 1er Novembre n'aurait pas existé ». Mais en son sein, le passage à la lutte armée, pourtant réclamé avec insistance par le courant radical, s'est trouvé maintes fois reporté par la direction.