Nidaa Tounes, le parti que dirige Béji Caïd Essebsi, 87 ans, a été officiellement déclaré vainqueur des dernières élections législatives. Il a remporté 85 des 217 sièges que compte l'Assemblée des représentants du peuple. Ennahdha de Rached Ghannouchi a obtenu 69 sièges. L'Union patriotique libre a créé la surprise en s'offrant la troisième place avec 16 sièges. Le Front populaire du militant Hamma Hammami talonne de près l'« inclassable » formation du milliardaire Slim Riahi avec 15 députés. Afek Tounes, le parti de Yassine Brahim, un informaticien franco-tunisien, ferme quasiment la marche avec ses 8 sièges. Les 24 autres sièges sont répartis entre une dizaine de formations (1 à 3 sièges chacune). Depuis jeudi, une question « brûle » les Tunisiens. Avec quels « partis » Nidaa Tounes, qui n'a pas eu les 109 sièges nécessaires pour gouverner seul, va contracter une alliance ? Ne disposant pas d'alliés « assez forts » dans la mouvance moderniste, ira-t-il vers une alliance contre nature avec Ennahdha ? Cette éventualité, qui n'est pas exclue, donnerait aux islamistes qui ont « tué » leurs alliés de la Troïka (le Congrès pour la république et Ettakatol qui ont obtenu un siège chacun) un rôle clé : dessiner la politique du gouvernement même s'ils laissent Nidaa Tounes prendre la présidence de l'Assemblée et du gouvernement et créerait à court terme un courant au sein du parti de Caïd Essebsi opposé à cette « alliance ». Dans une conférence de presse, Ghannouchi a appelé à ce que la Tunisie soit gouvernée par « la concertation et le consensus ». « Ennahdha n'a pas subi de défaite. Elle a enregistré une victoire considérable en se classant premier ou deuxième dans toutes les régions du pays », a-t-il dit. « La partie n'est pas encore jouée », écrit le quotidien Le Temps. Normal, ce scrutin a « bipolarisé » la scène politique tunisienne. Nidaa Tounes et Ennahdha ont, à eux deux, 154 sièges. En attendant ce gouvernement et l'installation de l'Assemblée, Nidaa Tounes et son chef ont les yeux rivés sur la présidentielle du 23 novembre qui pourrait connaître un « tout sans Béji Caïd Essebsi ».