Les débats autour de l'avant-projet de loi de finances 2011 ont continué jeudi à l'APN où se déroulait une séance plénière présidée par M. Ziari. En cette troisième journée, les travées de l'Assemblée étaient quasiment vides au point que même certains élus devant intervenir étaient absents. Beaucoup de députés n'ont pas manqué de souligner les bienfaits de la croissance et salué l'initiative du gouvernement de ne pas introduire de nouvelles taxes que le citoyen déjà accablé supportera difficilement. Dans un même élan, parfois les mêmes, à l'image de Mohamed Mohamedi du RND, les députés ont relevé les nombreux problèmes et manques dont souffrent les citoyens. Beaucoup ont pris pour exemple des situations dans leurs circonscriptions. Les problèmes locaux ont eu, en effet, la part du lion dans la plupart des interventions. D'autres intervenants comme Mohsen Bellabès du RCD ont évoqué la flambée des prix des produits alimentaires de base et le cas des villages qui ne sont pas raccordés aux réseaux électriques et de gaz. Pour lui, «l'aisance dont on parle ne se traduit nullement dans la vie quotidienne du citoyen qui assiste impuissant à la dégradation continue de son pouvoir d'achat et au déni des libertés publiques». Un autre député du RCD s'appesantira sur l'inefficacité de la lutte contre la corruption qui, selon lui, «ne se traduit pas par des actions concrètes». Cela lui vaudra d'être chahuté. Peu de secteurs ont été omis par les intervenants. On a parlé autant de l'agriculture, de l'environnement que de la justice ou de la santé. Tami Abderahmane, du FLN, a ainsi plaidé pour que l'Etat prenne des mesures de contrôle et de lutte contre les spéculateurs. D'autres comme Zitoufi du RND ont pointé du doigt le retard enregistré dans de nombreux projets tels les routes, les constructions et les ponts. «La non-maîtrise de la réalisation des projets notamment au niveau des études préliminaires qui, dans la plupart des cas, mène à l'arrêt et à la réévaluation financière, nous oblige à faire une halte pour voir ce qui ne va pas», dira-t-il. Sahli Abderahmane du FLN a souligné de son côté le manque criard de médecins spécialistes dans la région de Laghouat et s'est étonné de l'appel aux médecins étrangers quand s'exclamera-t-il : «Nos jeunes sont livrés au chômage». C'est aussi la défense des jeunes qui rencontrent de nombreuses difficultés et entraves bureaucratiques pour l'obtention des crédits bancaires que déplorera Mme Reguieg du FLN. Les députés ont souligné la nécessité de finaliser la réforme du secteur bancaire, en vue de collecter l'argent pour capter les surplus thésaurisés par les ménages. Des députés du PT ont souligné l'urgence de valoriser la ressource nationale pour la réalisation d'études, seule voie pour que cesse la marginalisation dont sont victimes nos cadres et jeunes diplômés. Concernant le secteur de la justice, un député a appelé à la mise en place d'un fonds national d'accompagnement judiciaire. Il aura pour mission d'aider les citoyens à faibles revenus de s'acquitter des frais de procédures judiciaires. Prolonger les délais d'introduction de recours auprès du Conseil de l'Etat de 15 à 60 jours, comme c'est en vigueur à la Cour suprême a été, par ailleurs, une proposition formulée par le député Djaballah Djeloul du FLN. Quelques députés ont, enfin, remis sur le tapis la nécessité d'encourager la finance islamique et de doter le secteur des Waqfs de cadres en nombre et qualité pour que l'imam, pour reprendre les mots du député Selmane Brahim du MSP, puisse jouer son rôle de guide dans la société. Demain, la quarantaine de députés poursuivra ce débat qui a révélé une APN où se sont exprimées toutes les attentes de la société.