Quel bilan faites-vous de vos 19 mois à la tête de la FAN ? J'ai trouvé une fédération dans une situation chaotique. Il fallait procéder à la mise en place d'une nouvelle stratégie et rompre avec les anciennes pratiques. Depuis que je suis aux commandes, je travaille sans répit pour appliquer à la lettre les grandes lignes de mon programme. Je mène une grande bataille pour rendre à la natation son lustre d'antan. Malheureusement, nous avons rencontré beaucoup de problèmes, particulièrement celui de l'infrastructure. Est-ce que les piscines sont mises à votre disposition ? La majorité des piscines sont destinées plus au sport de loisirs au détriment du sport de performance. Comment voulez-vous qu'on développe la discipline, alors que nos athlètes n'ont pas un volume d'entraînement suffisant. Certains ont même été interdits d'accès. Tout le monde a le droit de nager. On ne peut pas s'attendre à des résultats tant que nos athlètes ne sont pas prioritaires. Il est temps de construire des piscines destinées pour la performance et d'autres seulement pour les loisirs. Maintenant, la piscine est devenue une source d'argent. Les autorités doivent se pencher sur ce problème. Avez-vous saisi la tutelle par rapport à ce problème ? J'ai demandé à mettre au moins une piscine à notre disposition. Je saisis l'occasion pour remercier le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, qui nous a permis d'avoir la piscine extérieure du 5-Juillet. D'ailleurs, nous avons eu un nombre record de créneaux en été grâce à l'intervention de M. Tahmi. C'est un bon début. Mais le problème est d'ordre national. Etant président de la fédération, je suis dans l'obligation de défendre toutes les ligues et tous les clubs affiliés à la FAN. L'Etat est en train de fournir de l'argent, cependant, il faut réfléchir à mettre les piscines au service des équipes nationales. Je sais que le football est le sport roi en Algérie. Mais il ne faut pas négliger la natation. Par le passé, ce sport a été pourvoyeur de médailles et de satisfaction. Il faut que les mentalités de certains responsables changent. Un responsable m'avait dit qu'un match de football de l'EN est plus important qu'une médaille olympique décrochée par un nageur ou une nageuse. Malgré les difficultés, la natation a vu naître ces dernières années des étoiles montantes... Une pléiade de talents a émergé. Ce sont des fleurons qui méritent de se préparer dans de meilleures conditions. Ils ont des qualités physiques et techniques exceptionnelles. Hélas, je redoute que la majorité puisse tenir le coup devant les obstacles qu'elle rencontre. Pour ma part, je fais de mon mieux pour sauver la mise. Je ne cesse de les encourager et de les pousser pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Peut-on savoir quels sont vos prochains objectifs ? Pour les seniors, il y aura les championnats du monde prévus du 3 au 8 décembre prochain au Qatar. J'ai décidé d'engager beaucoup de nageurs pour leur permettre de se frotter aux meilleurs athlètes du monde. Plusieurs stages seront programmés juste après cette compétition, soit avant les Jeux arabes et les Jeux africains en 2015. Les jeunes catégories prendront part à la compétition méditerranéenne. Nous ambitionnons d'améliorer nos résultats et de décrocher des titres en individuel et dans les relais. Qu'en est-il des qualifications pour les jeux Olympiques de 2016 ? C'est une question de minimas durant les compétitions reconnues par la Fédération internationale. Il faut le dire, la concurrence sera très rude, surtout que les prétendants seront très nombreux. Est-ce que vous misez sur des athlètes pour se qualifier à ses joutes ? Oussama Sahnoune est en pole position. Il a même les moyens pour atteindre les demi-finales des JO-2016. Pour les JO-2020, nous avons les moyens de décrocher plusieurs qualifications. D'ici là, plusieurs jeunes progresseront sur tous les plans comme c'est les cas des frères Djendouci, Majda Chebaraka et bien d'autres. Y a-t-il des athlètes qui ont bénéficié de bourses pour se préparer à l'étranger ? Majda Chebaraka se prépare actuellement au Brésil. Oussama Sahnoune aura une bourse sous une autre forme, suite à la décision du ministre des Sports d'arrêter les bourses. La bourse sera remplacée par un dossier de sortie de l'athlète, qui repartira avec une somme pour l'application de son plan de charge. En matière de sponsoring, est-ce que vous avez signé des conventions ? Jusqu'à présent, nous nous sommes engagés qu'avec des sponsors comme la société PN Air qui prend en charge la billetterie. Je lance un appel aux grandes firmes comme les opérateurs de téléphonie mobile Ooredoo et Mobilis, qui peuvent apporter leur soutien à cette jeunesse. A vous de conclure... J'espère que dans l'avenir, la natation aura plus de considération de la part des responsables concernés. Nous avons une génération d'athlètes qui se sacrifie beaucoup pour ne pas céder à la déprime.