« Aucune contrainte n'entrave la mise en œuvre du système d'information sanitaire en Algérie. C'est une stratégie à adopter pour que les gens commencent à travailler et le Centre hospitalo-universitaire d'Oran est un exemple à suivre », a déclaré hier le ministre de la Santé, de la Population te de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. Il s'exprimait lors de la cérémonie de restitution finale du projet et de mise en œuvre du Système d'information sanitaire d'Algérie (SIS.DZ) réalisé par l'assistance technique mobilisée dans le cadre du programme d'appui au secteur de la santé (PASS) financé par l'Union européenne. Pour le ministre, « d'ici l'année prochaine, 50% des établissements hospitaliers seront dotés de ce système » et ce en dépit des réticences formulées par certains cadres quant au changement dans le mode de pilotage du secteur de la santé. Boudiaf a par ailleurs souligné l'importance du réseautage. « Dans la santé, pas de réseau entre les établissements ou dans le même service, chacun des acteurs refuse cette connexion. Comment voulez-vous qu'on avance ? », s'est-il demandé. L'absence d'une communication pour mieux véhiculer l'information relative aux pathologies, à l'état des patients et la détermination, dans les temps du protocole de traitement, influe négativement sur la qualité des soins. « L'Etat algérien débourse une somme colossale pour le malade, pourtant aucun n'est content. On a bureaucratisé les soins », a-t-il soutenu. Le ministre est plus que jamais décidé à faire avancer les choses. « La révision de la loi a causé beaucoup d'agitation. Plusieurs cadres ont peur du changement mais il faut affronter et brusquer le destin et avoir le courage d'avancer ». « La problématique est autour de la gouvernance », a-t-il ajouté. De son côté, le chargé des programmes d'appui auprès de la délégation de l'UE en Algérie, Bernard Segarra, s'est félicité du succès de ce partenariat qui a donné des résultats tangibles. « En voyant concrètement fonctionner ce système, l'Union européenne espère que l'Algérie capitalisera sur cette expérience positive et généralisera l'utilisation des instruments de pointe dans ses établissements de santé » a-t-il affirmé. Segarra a mis également l'accent sur l'importance de la poursuite et du renforcement du partenariat entre les deux parties. Le SIS.DZ est un système qui rendra disponible aux décideurs et aux gestionnaires des différents niveaux du système de la santé, l'information nécessaire pour suivre la performance des services et assurer ainsi un pilotage plus efficace et plus efficient du secteur par un monitorage continu de la situation sanitaire. Le SIS.DZ, une fois développé, doit être en mesure d'apporter l'aide indispensable à la prise de décision dans le domaine de stratégie sanitaire, de la surveillance épidémiologique, la planification des ressources et gestion des services de santé. Des experts se prononcent Présents à cette cérémonie de restitution finale du projet et de mise en œuvre du Système d'information sanitaire d'Algérie (SIS.DZ), le professeur Sabri du comité de pilotage a estimé qu'« un grand challenge est imposé à un secteur qui bouge et en continuel mutation face à une évolution technologique effrénée alors que le temps demandé pour former le personnel est trop long ». Ceci implique une meilleure gestion par l'installation d'un système informatique, un gain de temps assuré. Selon lui, « l'investissement dans le système d'information a des retombées importantes sur le système de santé ». Il prônera dans ce sillage la décentralisation du système pour « qu'il soit proche des utilisateurs ». Enfin, le directeur technique d'un hôpital à Montréal, Abdesselam, a affirmé que « les établissements de santé doivent revenir à leur mission première. Celle d'offrir des soins et l'outil informatique permet de mesurer les besoins du citoyen ». Il rappellera l'expérience des Etats-Unis où ont été mis en place la BI DATA, une banque de données sur le malade et les pathologies. Une économie de 430 milliards de dollars a été réalisée grâce à ce système. Au Canada, par le biais d'un système similaire, une cartographie est établie pour chaque individu dès sa naissance. Une méthode qui prédit également les maladies. Abdesselam a suggéré la création d'une agence nationale pour l'informatisation de la santé.