Les forces loyales au général Khalifa Haftar et au gouvernement d'Abdallah al-Theni, qui s'est réfugié à Tobrouk pour fuir les violences, poursuivent leur offensive pour reconquérir Tripoli et Benghazi. Après la « libération » de Kekla, une ville-clé dans l'ouest, après plus d'un mois de combats, les forces loyales ont bombardé, lundi dernier, l'aéroport de Mitiga, le seul encore en service à Tripoli où Fajr Libya, une coalition de milices islamistes qui y a installé en août un gouvernement parallèle, impose sa loi. « Ce sont nos forces aériennes qui ont mené le raid contre la base de Mitiga où se retranchent les groupes terroristes », a déclaré le général Sagr al-Jerouchi, chef des forces aériennes de Haftar. Omar al-Hassi, le chef du gouvernement autoproclamé, promet l'escalade. « Notre gouvernement œuvrait pour la paix et le dialogue. Mais ce qui s'est passé à Benghazi, à Kekla et aujourd'hui à Tripoli va faire de notre politique une politique de guerre. Et nous vaincrons », dit-il, accusant, pour la énième fois, des « puissances régionales » de soutenir son ennemi. La Libye sombrera-t-elle avec ses deux parlements et ses deux gouvernements dans la guerre civile ? Fort probable. Selon plusieurs experts, Daech (Etat islamique en Irak et en Syrie), a mis un pied en Libye, notamment à Derna, une ville de l'est du pays de 150.000 habitants. Certains vont même jusqu'à affirmer que cette ville transformée en « émirat » est devenue le fief des partisans de Daech. « L'Etat islamique est bien à Derna. Il n'y a plus de doute », écrit Othman Ben Sassi, un ancien membre du Conseil national de transition et ex-bras politique de la rébellion contre Kadhafi, ajoutant que ce « groupe profite de l'absence de l'autorité de l'Etat et des frontières poreuses ». Les Etats-Unis ont récemment exprimé leurs « inquiétudes ». Selon Jeffrey Rathke, le porte-parole du département d'Etat, des factions extrémistes violentes en Libye ont prêté allégeance à l'Etat islamique et cherché à s'associer à lui. La France est aussi inquiète. En visite cette semaine au Tchad, Manuel Valls, le Premier ministre français, a braqué les projecteurs sur le sud de la Libye. « Le sud de la Libye est un sujet de préoccupation majeure pour la France », dit-il. « Des factions de Derna ont prêté allégeance à l'Etat islamique. Mais on ignore leur poids et le nombre de leurs membres », affirme Claudia Gazzini, un analyste de l'International Crisis Group.