Inflexible sur le dossier ukrainien malgré les pressions et les lourdes sanctions économiques occidentales, la Russie l'est tout autant sur le conflit en Syrie à l'aune d'un repositionnement géopolitique qui fait grincer des dents de ses « partenaires » européens et américains. Ainsi, l'échec des négociations de Genève (I et II), entre le gouvernement syrien et l'opposition établie à l'étranger a poussé le Kremlin à peser de tout son poids pour tenter de relancer-à Moscou et sous son égide- les négociations entre les différentes parties, en impliquant également l'opposition intérieure. Le régime et ses opposants se disent prêts à dialoguer. De récentes visites à Moscou de responsables et d'opposants syriens ont permis aux dirigeant russes d'arracher un accord sur une relance des discussions pour tenter de mettre fin à la guerre. Il s'agit d'une acceptation de principe mais sans qu'une date ne soit encore avancée. La Russie a reçu tour à tour en novembre un groupe d'opposants civils et militaires mené par l'ancien chef de la Coalition de l'opposition établie en Turquie, Moaz al-Khatib, puis une délégation du régime conduite par le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem. « Les réunions avec (le président russe Vladimir) Poutine et (son ministre des Affaires étrangères Sergueï) Lavrov ont été très positives », a affirmé Bouthaina Chaabane, conseillère du président Bachar al-Assad et membre de la délégation syrienne qui s'était réunie à huit clos avec le président russe. Il faut dire que la situation a changé. Bachar al-Assad a été réélu en juin pour un nouveau septennat. La lutte contre les terroristes de Daech qui contrôlent une partie de la Syrie et de l'Irak, est devenue une priorité. Dans ce contexte, Moaz al-Khatib a affirmé mardi être, lui aussi, prêt à discuter avec le régime pour mettre fin à la crise. « Pour nous, c'est dans l'intérêt du peuple syrien que nous nous asseyions pour trouver le moyen de mettre fin à la souffrance du peuple », a-t-il déclaré. Pour cela, il a décidé de faire un pas vers le régime en acceptant un « maintien temporaire » d'al-Assad au pouvoir. « Bien sûr qu'il doit partir mais l'idée que son mandat finisse à une date précise a du sens. S'il y a une vision claire à annoncer au peuple syrien, il peut y avoir un arrangement sur sa personne », a-t-il poursuivi.