Au « Dialogue de Manama », qui prendra fin aujourd'hui, après trois jours de débats, ministres de la Défense, des Affaires étrangères, diplomates, militaires en retraite, experts en sécurité internationale du monde entier ont plaidé pour l'instauration de mécanismes de dialogue régionaux, en premier lieu entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Pour faire face notamment à la menace de Daech, ont-ils insisté lors de la 10e édition annuelle organisée par l'Institut international d'études stratégiques et la chaîne de télévision Sky News Arabia. « Nous nous battons contre des théocrates et ça va durer « très longtemps », estime le prince héritier de Bahreïn, Salman ben Hamad Al-Khalifa, en se demandant s'il ne faut pas utiliser, pour l'idéologie de Daech, l'expression « théocratie fasciste ». « Le XVIIe siècle n'a pas de place dans notre moderne XXIe siècle », martèle-t-il, après avoir offert une base opérationnelle à la Royal Navy, une première depuis le retrait des troupes britanniques en décembre 1971. Seyed Hossein Mousavian, l'ancien chef de la Commission des relations étrangères du Conseil suprême pour la sécurité nationale en Iran, préconise un système de coopération qui inclurait l'Iran, l'Irak et les six monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Oman). « Nous ne pouvons nous permettre d'être sélectifs dans le choix de nos alliés », répond Ibrahim Al Jaafari, le ministre irakien des Affaires étrangères à ceux qui émettent des réserves sur la participation de l'Iran à cette guerre contre Daech. Un avis soutenu par Philip Hammond, le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères et John Kerry, le secrétaire d'Etat américain. « L'Iran est un voisin difficile certes mais trop gros pour être ignoré, car c'est un facteur vital pour l'avenir de la sécurité dans le Golfe », explique-t-il. Kerry a jugé « au final » les dernières frappes de l'Iran contre Daech en irak de « positives ». Le feuilleton des réunions continue Le 3 décembre courant, une soixantaine de pays de la coalition internationale contre Daech se sont réunis à Bruxelles, au siège de l'Otan pour débattre de la meilleure stratégie militaire à adopter pour tordre le cou à Daech. Pour les pays de la coalition, il n'est pas possible de détruire le groupe uniquement avec des raids aériens. Il faut, entre autres, stopper l'arrivée des « djihadistes volontaires et couper les sources de financement des terroristes. A la mi-novembre, 200 officiers de la coalition anti-Daech de 30 pays se sont retrouvés sur la base aérienne de MacDill à Tampa, en Floride, quartier général du commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale, pour « renforcer leurs relations et peaufiner leur campagne militaire visant à affaiblir et vaincre Daech ». Un mois auparavant, une réunion, à un échelon supérieur, a eu lieu sur la base aérienne d'Andrews (Maryland). Le 15 septembre, Paris a réuni les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, une dizaine de pays arabes et européens pour apporter, selon l'expression de François Hollande, « une réponse globale à une menace globale ». Dans un anonymat quasi parfait, l'Iran a réuni, il y a quelques semaines à Qom, des religieux de 80 pays pour développer une stratégie contre Daech, un groupe créé, selon Téhéran, par les Etats-Unis et Israël pour susciter des affrontements entre les musulmans. Dernière réunion en date, celle d'Al-Azhar. « Les groupes armés commettent des crimes barbares en revêtant les habits de cette religion sacrée et se sont donné pour nom Etat islamique dans une tentative d'exporter leur faux islam », a déclaré le cheikh Al-Tayeb, à l'ouverture d'une conférence rassemblant des dignitaires religieux d'une vingtaine de pays. Une réunion, une énième de la série, est annoncée pour le 15 décembre prochain à Marrakech. En attendant, Daech continue son avancée. Elle a pris, hier, le contrôle d'une partie de l'important aéroport militaire de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie et une base d'un bataillon de missiles de l'armée sur une colline adjacente située au sud-est de l'aéroport.