Les monarchies du Golfe sont convenues de régler le différend qui les opposait au Qatar, accusé de déstabiliser la région en raison notamment de son soutien à la mouvance islamiste, a indiqué le chef de la diplomatie koweïtienne Sabah Khaled Al-Sabah. Nous sommes convenus des bases et des normes pour surmonter au plus tôt le contentieux avec le Qatar, a déclaré cheikh Sabah au terme d'une réunion à Jeddah (ouest de l'Arabie saoudite) des ministres des Affaires étrangères des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Mais il n'a pas avancé de date précise pour le retour des ambassadeurs d'Arabie saoudite, de Bahreïn et des Emirats arabes unis à Doha, d'où ils avaient été rappelés en mars, une mesure qui avait ouvert une crise sans précédent au sein du CCG depuis sa création en 1981. Lors d'une conférence de presse, le ministre koweïtien a expliqué que la volonté d'apaisement, exprimée samedi à Jeddah, survenait dans le contexte de la menace djihadiste qui pèse sur la région après les avancées de l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. Dans ces circonstances, tout le monde réalise les dangers qui guettent la région. En conséquence, nous devons agir rapidement pour éliminer tous les obstacles qui entravent l'action commune au sein du CCG, a ajouté cheikh Sabah, dont le pays avait offert ses bons offices dans la crise avec le Qatar. Il a toutefois tempéré l'annonce d'un règlement formel de la crise, faite peu auparavant par son homologue omanais. Ce dernier, Youssef Ben Alaoui Ben Abdallah, dont le pays était également impliqué dans les efforts de médiation, avait déclaré à sa sortie de la réunion que la crise du Golfe a été surmontée et il avait annoncé le prochain retour des ambassadeurs à Doha. Le retour des ambassadeurs pourrait intervenir à tout moment, a dit le ministre koweïtien aux journalistes. Ces développements, perçus comme positifs par des analystes, interviennent après une visite cette semaine d'une délégation saoudienne de haut rang, conduite par le ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal, au Qatar. Selon les autorités saoudiennes, les entretiens ont porté sur les relations fraternelles entre les deux pays. Le CCG regroupe l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Qatar et Oman. Le 5 mars, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient rappelé leurs ambassadeurs à Doha (une démarche sans précédent) accusant le Qatar de s'ingérer dans leurs affaires et de déstabiliser la région. Le Qatar était accusé par ses voisins de soutenir les islamistes proches des Frères musulmans dans les autres pays du Golfe, dont des dizaines ont été condamnés à la prison aux Emirats arabes unis, et de servir de refuge à des islamistes d'autres pays arabes. Doha est également considéré comme l'un des principaux bailleurs de fonds des Frères musulmans en Egypte et des groupes proches de cette confrérie dans les pays du Printemps arabe, alors que l'Arabie saoudite et le reste des monarchies du Golfe soutiennent les militaires égyptiens.
Agir contre les djihadistes Les monarchies du Golfe se sont déclarées prêtes à agir contre les menaces terroristes, mais veulent plus de détails sur ce que Washington pourrait leur demander dans le cadre d'une coalition pour combattre les djihadistes en Syrie et en Irak. Nous avons tous entendu ce que le président (Barack) Obama a dit (jeudi) sur une coalition et sur le fait qu'il ait demandé (au secrétaire d'Etat) John Kerry de se rendre dans la région et de former cette coalition, a déclaré le ministre koweïtien des Affaires étrangères, Cheikh Sabah Khaled Al-Sabah. Nous attendons d'avoir plus de détails pour savoir ce qui est demandé dans la prochaine phase, a-t-il ajouté en soulignant qu'à ce stade, les pays du Golfe n'avaient pas d'informations suffisantes et de détails sur ce que le président a évoqué. Nous attendons (John) Kerry. Le ministre koweïtien a fait ces déclarations lors d'une conférence de presse après une réunion à Jeddah (ouest de l'Arabie saoudite) avec ses cinq homologues du Conseil de coopération du Golfe (CCG - Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Oman, Bahreïn). Dans un communiqué final, les six monarchies du CCG ont exprimé leur soutien à la résolution adoptée à la mi-août par le Conseil de sécurité de l'ONU pour empêcher le recrutement et le financement des groupes djihadistes opérant en Syrie et en Irak. Elles affirment dans ce contexte être prêtes à agir contre les menaces terroristes qu'affrontent la région et le monde, tout en s'engageant à combattre l'idéologie des groupes terroristes, contraire à l'Islam. Jeudi, M. Obama avait déclaré sans détours que les Etats-Unis n'avaient pas encore de stratégie pour combattre les djihadistes de l'Etat Islamique (EI) qui contrôlent des pans de territoire en Syrie et en Irak. Soulignant la nécessité de s'appuyer sur des partenaires régionaux forts, il avait annoncé que John Kerry se rendrait prochainement dans la région pour bâtir une coalition. M. Kerry doit au préalable participer, avec le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, à un sommet de l'Otan au Pays de Galles les 4 et 5 septembre. Dans une tribune dans le New York Times, M. Kerry a appelé vendredi à une réaction conjuguée conduite par les Etats-Unis et la plus large coalition de nations possible contre l'EI, qui a multiplié les atrocités ces dernières semaines, avec notamment la décapitation du journaliste américain James Foley.