Avec pour slogan « Une journée sans accidents », cette rencontre a regroupé des représentants des ministères de la Jeunesse, de la Solidarité nationale, de la Protection civile et du Centre national de prévention routière. Médecins, délégués du mouvement associatif ont également pris part à cette journée organisée par l'APW d'Alger et la DGSN. Pour Aïssa Naïli, « cette journée se veut un espace pour adopter une stratégie permettant un meilleur comportement des usagers de la route ». A cet effet, il a rappelé qu'en matière de prévention routière, le programme de la DGSN comprend plusieurs volets. Le premier, portant sur la prévention, s'est décliné en 125.253 activités pour l'éveil des consciences. A titre d'exemple, la DGSN a animé plus de 240 émissions radio. Le second volet est relatif au renforcement des moyens de lutte à travers l'installation de 175.499 barrages fixes. Le bilan de la lutte contre les contrevenants fait état de 79.919 délits enregistrés, 775.511 amendes forfaitaires et 61.358 véhicules mis en fourrière. Le radar, le test d'alcoolémie et les caméras de surveillance ont été évoqués par le même responsable, qui tire la sonnette d'alarme car le nombre d'accidents est en nette augmentation. 44.907 accidents ont été enregistrés en 2013, qui ont fait 4.540 morts et 69.582 blessés. Le coût de cette hécatombe est estimé à 74 milliards de dinars. Le président de l'APW d'Alger, Bennour, a, lors de son allocution, appelé les secteurs concernés à s'unir « pour atténuer un tant soit peu ce phénomène ». « Les chiffres enregistrés quotidiennement sont alarmants et constituent un véritable danger pour la société, malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour mettre fin à ces drames », a-t-il ajouté. « La sensibilisation doit être renforcée au niveau des écoles, des mosquées, des institutions publiques. Les médias et la société civile doivent s'impliquer davantage », a-t-il préconisé. Une tragédie nationale Le commissaire Naït El Hocine a fait remarquer que les bilans avancés sont deux fois plus tragiques que ceux des catastrophes naturelles. « L'Algérie est parmi le peloton de tête des nations touchées », regrette-t-il. Il a, à ce propos, appelé à la mise en place d'une meilleure politique nationale de sécurité routière suivie par un plan d'urgence car le facteur humain est dans 95% des cas à l'origine des accidents. Il a précisé que la DGSN propose la révision de l'arrêté ministériel du 15-11-1984, la mise en place d'un système de traçabilité, une lutte soutenue contre l'octroi de certificats médicaux de complaisance, la révision du système de formation et une meilleure formation des moniteurs des auto-écoles. « Le système actuel de retrait de permis de conduire ne permet pas de distinguer entre les contrevenants primaires et les récidivistes qui écopent des mêmes sanctions », a-t-il expliqué. Il a plaidé pour le permis à points qui permettra de détecter ou de modifier le comportement du conducteur. 3.500 handicapés par an Les accidents de la route sont responsables de trois quarts de poly-traumatisme. 30% des patients victimes d'accidents de la route succombent suite à un traumatisme. C'est ce qu'a expliqué le docteur Chebah, lieutenant à l'Ecole nationale de la Protection civile. Le traumatisme peut être évité par une meilleure prise en charge. Selon elle, la Protection civile est le premier intervenant sur le lieu des accidents. « Nous sommes le relais direct avec les équipes pré-hospitalières », dira-t-elle. Lors des accidents, 40% des cas souffrent de détresse respiratoire et 20% de détresse neurologique. Pour sa part, le représentant du Centre national de la prévention routière a rappelé que les accidents causent des handicaps à 3.500 personnes annuellement. Selon lui, 21% des accidents sont dus à l'excès de vitesse, 19% à la perte de contrôle du véhicule, 7% des causes relèvent de l'état du véhicule. 3e cause principale de mortalité en 2020 Selon le professeur Benbouzid, chef du service des urgences de l'hôpital de Ben Aknoun, les accidents de la route représentent un véritable fléau. C'est aussi, dira-t-il, un véritable problème de santé publique. « D'ici à 2020, ils deviendront la 3e principale cause de mortalité dans le monde avec 1,9 million de morts par an », a-t-il indiqué. Les décès augmentent de 83% dans les pays pauvres et de 27% dans les pays développés. En Algérie, a précisé Pr Benbouzid, la prévalence est de 40.000 à 50.000 accidents et 10% des victimes nécessitent une chirurgie lourde. « La fatigue, la consommation de stupéfiants et d'alcool et baisse de la vigilance sont autant de facteurs à risque », dira-t-il.