Dans un discours diffusé en direct, Barack Obama a annoncé l'installation dans les mois à venir d'une ambassade à Cuba. Il 'est engagé aussi à rendre « plus facile la possibilité pour les Américains de voyager » dans ce pays voisin pour permettre aux familles de se rapprocher. Le président américain a reconnu que « l'isolement » de cette île communiste « n'a pas fonctionné ». Il s'est ainsi engagé à amorcer le débat pour la levée de l'embargo. « Todos somos americanos », a-t-il lancé en espagnol (« Nous sommes tous américains »). Son homologue cubain, Raul Castro, a donné la même information depuis La Havane. Il a insisté sur la question de l'embargo : « Cela ne veut pas dire que l'essentiel est réglé. Le blocus qui a provoqué d'énormes dommages humains et économiques à notre pays doit cesser », a-t-il dit. Les déclarations des deux présidents ont fait suite à un échange de cinq prisonniers (deux Américains et trois Cubains) arrêtés pour espionnage. Cette étape historique est l'aboutissement de 18 mois de négociations. Le pape François a joué un rôle de médiateur entre les deux pays. En octobre 2014, le Vatican a reçu leurs délégations pour finaliser les termes de la normalisation. Le Canada a également abrité des rencontres dans ce sens. La première a eu lieu en juin 2013. Le 10 décembre 2013, Barack Obama et Raul Castro avaient échangé une poignée de main historique à l'occasion des funérailles de Nelson Mandela. Ce qui a été perçu comme étant un signe de rapprochement. Il a été précédé par la promesse d'Obama lors de sa campagne électorale, en 2008, d'envisager une nouvelle stratégie vis-à-vis de Cuba. En 2009, il avait annoncé la levée des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent à l'île voisine qui venait de voir un transfert de pouvoir de Fidel Castro, au pouvoir depuis la révolution de 1959, à son frère cadet âgé actuellement de 83 ans. Comme l'a bien exprimé mercredi soir, le président cubain, la normalisation des relations bilatérales ne veut en aucun cas la levée de l'embargo qui vient d'être condamné pour la 22e fois par l'Assemblée générale de l'ONU. Des parlementaires républicains et démocrates ont promis de résister à ce projet. Ils ne veulent en aucun cas soutenir « le régime communiste ». La Havane était autrefois soutenue par l'ancien régime soviétique. Actuellement, son plus fort soutien provient du Venezuela qui lui fournit des carburants contre des aides dans le secteur de la santé. Le problème est que ce pays latino fait face actuellement à crise économique due à la chute des prix du pétrole. Il est aussi dans le collimateur américain. Le président Obama a signé jeudi une loi prévoyant des sanctions contre des responsables vénézuéliens impliqués dans la « répression » de manifestations qui ont secoué le pays en début d'année. Ceci n'a pas empêché Caracas, à l'instar de plusieurs capitales, de saluer le rapprochement entre les Etats Unis et Cuba. Est-ce la fin de la guerre froide dans le continent américain ?