Entre 80 et 100 secousses et des répliques sont enregistrées par le Craag (Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique) chaque mois. Leur l'intensité varie entre 1 et 2,5 sur l'échelle de Richter. 80 à 90% d'entre elles ne sont pas ressenties par les citoyens et 20% le sont par une population vivant en milieu urbain. C'est ce qu'a déclaré, hier, le directeur du Craag, Chaouchi Yellès, au forum d'El Moudjahid. Le directeur du Craag est revenu sur les dernières secousses telluriques à Chebli et Hammam Melouane, dans la wilaya de Blida et la baie d'Alger, qui sont « ordinaires ». Les secousses enregistrées, depuis le 16 décembre jusqu'à mardi dernier, avaient pour épicentre le périmètre Hammam Melouane et Chebli. En revanche, le séisme enregistré à 9h à 3 km de Chebli « est un autre tremblement de terre, mais qui a sûrement été provoqué par ces même répliques », a-t-il expliqué. Le directeur a rappelé que le nord du pays est une zone sismique active due à la rencontre entre la plaque africaine et la plaque eurasienne. A une question sur es conséquences des changements climatiques sur l'activité sismique, Yellès a précisé qu'il n'y a pas de liens entre l'activité sismique et la forte présence de sources thermales dans la région de Hammam Melouane. « L'activité sismique touche essentiellement des couches géologiques plus profondes. Le séisme est dû à des facteurs internes de la terre et non externes », précisant que « la canicule ne peut en aucun cas avoir une relation avec l'activité sismique de la terre ». Interrogé sur la possibilité de prévoir un tremblement de terre, le directeur du Craag a rappelé l'impossibilité de la chose. « On dispose d'une carte sismique des zones à risques comme le nord algérien, l'origine, les causes des événements sismiques mais il n'existe pas à l'échelle mondiale une méthodologie ou un instrument pour prédire un séisme. Une faille peut se bloquer, s'arrêter de fonctionner mais personne ne peut avancer avec exactitude quand et où », a-t-il soutenu. Retard dans la diffusion de l'information : les explications du Craag Pourquoi le Craag tarde à donner l'information sur une secousse tellurique alors que les centres européens et américains la communiquent en temps réel ? Yellès a expliqué que le Craag détient l'information en temps réel. « Tous les chercheurs ont l'information mais on ne peut pas la communiquer avant qu'elle soit vérifiée, notamment concernant l'épicentre. La désinformation peut provoquer des moments de panique. Un centre étranger avait donné l'épicentre de la réplique du séisme de Boumerdès à Sour El Ghozlane alors que c'était à Aïn Taya », a signalé le DG du Craag et d'ajouter : « Nous donnons une information juste sur laquelle nous ne revenons pas plus tard. » Le Craag répond à Bonatiro Concernant les contradictions de l'approche avec l'expert en astrophysique, Loth Bonatiro, Yellès a saisi l'occasion pour demander à la presse « plus de vigilance ». Il a expliqué que le Craag est une institution de l'Etat qui travaille avec d'autres institutions. « Il y a des chercheurs qui analysent les données basées sur des vérités scientifiques mais certains s'autorisent à faire des déclarations sans aucune vérité scientifique. Des informations qui ne sont pas publiées, ni analysées ni vérifiées. Nous ne travaillons pas dans le sensationnel ni dans l'alarmisme, ces gens doivent présenter leurs publications scientifiques », a-t-il précisé. La protection civile plaide pour la sensibilisation « familiale » Pour ce qui est du bilan des dernières secousses, le sous-directeur de l'information et des statistiques de la protection civile, le lieutenant-colonel Achour a indiqué que trois personnes ont été blessées, dont deux souffrent de fractures alors que la troisième a reçu un objet sur la tête. Dix autres personnes ont été évacuées vers des établissements hospitaliers. Concernant l'intervention des secours, l'officier supérieur a expliqué, qu'aussitôt l'alerte donnée, des équipes de reconnaissance ont été dépêchées pour un état des lieux ainsi que la mise en œuvre du plan d'intervention, activé quatre minutes après la secousse. A l'occasion, il a rappelé que la DGPC a créé des unités spéciales à l'exemple des DRPI (Détachement de renfort de première intervention), déployées au niveau de 48 wilayas soit la mobilisation de 5.000 hommes qui peuvent intervenir dans n'importe quelle wilaya en 2 heures de temps. Au sujet de la gestion des risques majeurs, l'officier supérieur a rappelé la création d'un master professionnel dans leur gestion au sein de l'université de Médéa. En outre, le responsable a mis l'accent ur la nécessité de la sensibilisation et la prévention contre les risques majeurs, notamment le séisme. Il a rappelé, dans ce sens, la campagne de sensibilisation lancée par la DGPC lors de la rentrée scolaire qui a touché 1.080 établissements scolaires et 7.800 enseignants sur le risque sismique. Le lieutenant-colonel Farouk Achour a plaidé pour l'instauration d'un débat sur les risques majeurs, notamment le séisme, au sein de la famille.