La deuxième soirée artistique organisée dans le cadre du Festival international des arts de l'Ahaggar a été un véritable succès. Le public comme les nombreux invités et spécialistes de la musique et des arts ont eu droit à différents styles de mélodies et de chants tout aussi profonds et splendides.Cette soirée a été aussi la dernière de l'année 2014. Quoi de mieux que d'offrir à ce public jeune et privé de loisirs, des voix fortes et chaudes de femmes qui, dans des genres différents, étaient les véritables maîtres de la soirée.Le bal a été ouvert par une diva locale, en l'occurrence Dadi Lala, une femme dont l'âge, 70 ans, n'a eu aucun effet sur sa voix et son dynamisme tout à fait sublime. Les tonalités des instruments traditionnels locaux de sa troupe et le charme des jeunes filles de sa chorale ont composé le décor très apprécié des jeunes de la région. Comme il est aussi très difficile de rester indifférent à la voix forte et résonante de cette dame, très expérimentée en la matière. « Je chante depuis l'âge de 14 ans », a-t-elle dit à la fin de son passage sur scène. « Je dédie cette soirée particulière aux organisateurs du festival qui m'ont invitée et au public venu en masse pour nous écouter. Nous sommes là pour apporter de la joie et du bonheur aux spectateurs. » Entre les rythmes traditionnels du tindi et les sonorités de la guitare électrique, Badi Lala n'a aucun mal à s'adapter. Les quelques mouvements de danse traditionnelle qu'elle a réalisés ont fait vibrer le public. La communion a été totale. « J'interprète et je danse pour les hommes et les femmes et pour les animaux aussi. C'est comme faisaient nos ancêtres avant nous », a-t-elle expliqué. La diva insiste sur la formation de la relève pour sauvegarder ce patrimoine. Le groupe « Selamnesh Zemene et Badume's Band » a été la grande révélation de la soirée. Composée d'une chanteuse et danseuse éthiopiennes et d'un groupe de musiciens venus de Bretagne (ouest de la France), ce groupe a mis le feu sur la scène. « C'est une musique populaire, une musique de fête chantée et dansée par Selamnesh Zemene. Notre répertoire est mélangé de compositions de jeunes musiciens d'aujourd'hui mais aussi des anciennes compositions qui ont fait l'âge d'or de la musique éthiopienne dans les années 1970. On joue aussi le répertoire traditionnel qui se transmet de génération en génération », nous explique Bertrand, le manager du groupe, précisant que « la musique éthiopienne a une grande histoire mais a été marginalisée par la conjoncture politique ».Le groupe a su attirer l'attention des spectateurs en dépit de l'incompréhension de la langue éthiopienne. La belle voix de Selamnesh et les mouvements souples de Zemene ainsi que ses tenues colorées, tirées du répertoire de l'Ethiopie ont fait l'affaire. « Ce sont des chansons d'amour et de la nostalgie du pays. Il y a aussi de la chanson engagée. » Si le groupe, composé de jeunes musiciens, jouait auparavant de la musique éthiopienne qu'il a apprise sur des cassettes vendues en France, la rencontre avec les deux femmes s'est faite, il y a quelques années, dans un club en Ethiopie. Le premier album est sorti en 2011. « Le groupe a accompagné, auparavant, Mahmoud Amad, un célèbre chanteur des années 1970 lors d'un grand spectacle en France. C'est à partir de là qu'a commencé l'histoire de ce groupe qui se déplace en Ethiopie depuis une dizaine d'années, ce qui lui a permis de rencontrer la chanteuse et de faire un premier album avec elle en 2011. » Bassekou Kouyate et Ngoni Bâ, du Mali, a succédé aux Ethiopiens pour offrir un autre beau spectacle du patrimoine riche et varié du Mali. La soirée s'est clôturée par le groupe « Ouled Hadja Maghnia » qui a permis une fin en apothéose de la soirée de passage à la nouvelle année 2015.