Enfin, je rejoins donc la rue Burdeau à Alger, siège du forum pour amorcer, avec quelques patrons de presse et des journalistes, le débat sur le devenir de la presse algérienne. Il faut rendre hommage à Hmida Layachi qui met à la disposition de la presse un espace d'échange et de culture magnifique. La kheïma et le style de la décoration vous mettent dans une ambiance qui pousse à l'échange d'idées. Confiante, je prends place après avoir salué les confrères venus nombreux assister au débat. Dès que l'animateur a pris la parole, je commence à perdre mes belles illusions. D'emblée, il réduit l'histoire de la presse algérienne à… «19 printemps». Une approche réductrice de la presse nationale qui veut confiner le paysage médiatique algérien à la seule presse privée dite «indépendante». A part ça, c'est le désert, les autres n'existent pas. Un excès de prétention et un nombrilisme qui effacent d'un trait la formidable aventure de la presse algérienne depuis 1962 et l'école El Moudjahid, dont la plupart des actuels patrons de presse sont issus. Dans son aveuglement volontaire, l'autre n'existe quasiment pas. Comment alors aborder le devenir de la presse algérienne si on ignore une partie de celle-ci ? La presse publique, à laquelle on colle tant de clichés et qu'on traîne dans la boue, qui subit faux procès et calomnies, n'a pas droit à la défense. Pire, elle n'a même plus droit de cité. Mais comment peut-on confiner l'histoire de la presse à 19 ans d'existence ? Comment se permettre d'insulter toutes ces plumes, certaines disparues, qui ont fait la gloire du journalisme algérien, et qui par leur œuvre ont permis à la presse privée d'exister ? Les journaux de l'Algérie indépendante et ceux de l'Algérie en lutte contre le colonialisme, ne sont-ils donc qu'une vue de l'esprit ? Un mirage ? Au forum d'El Djazaïr News, on a eu droit à une «belle» leçon de falsification de l'histoire. Et les faussaires bombaient le torse fièrement. Peut-on réellement débattre du devenir de la presse quand les bases du débat sont ainsi faussées ? Le devenir concerne la presse dans tous ses segments, qu'elle soit privée ou publique, écrite ou audiovisuelle, arabophone ou francophone. Hélas ! je n'étais pas encore au bout de mes peines. Un «grand» monsieur est même venu affirmer que la presse publique n'avait pas le droit d'exister dans un système démocratique. Que la presse publique et la démocratie étaient antinomiques. Mais alors comment expliquer que dans un pays démocratique comme la France, qui sert souvent de référence à ces messieurs, il existe encore des médias publics (France-Télévisions) ? Une aberration assénée avec assurance qui démontre au moins la suffisance dans l'inculture de ces messieurs. Et ce n'est pas fini. «On» viendra, un peu plus tard, revendiquer une interdiction de création de nouveaux titres, sous prétexte qu'il y a trop de journaux. Bel exemple de démocratie et de respect des lois du libre marché, matrice économique de la démocratie. Hier, cette presse a clairement affiché ses ambitions. Créer un monopole et régner en maître sur le monde de la presse des affaires.