Les éditions Chihab ont accueilli, mardi dernier, notre consœur Nassira Belloula. Elle a présenté son roman « Terre des femmes ». Cet ouvrage, qui évoque cinq générations, se veut un hymne à la femme chaouie et à la région des Aurès qui l'a vue naître et grandir. Dans la rencontre-débat, modérée par Guerfi, directeur des éditons Chihab, Nassira déplore le peu d'ouvrages relatant l'épopée des Aurès. Pour elle, les Aurès sont tellement chargés d'histoire qu'il suffit juste de tendre l'oreille aux personnes âgées pour être « gavé » d'histoires qui méritent d'être narrées et transmises aux lecteurs. D'ailleurs, l'ouvrage de Belloula raconte l'histoire de six femmes qui ont marqué la région par leur bravoure, leur témérité et leur façon de vivre d'où l'appellation « Aazriate » (courtisanes). Même l'enfant né de père inconnu qu'on appelle Boumergoud, est accepté sans problème avec un statut particulier. « C'est le génie de certains sages », dira le directeur des éditions Chihab. Dans « Terre des femmes », l'histoire commence par le viol de Zwina. Mais pour l'écrivaine, cet incident ne constitue nullement la trame de son roman. C'est une façon propre à elle d'installer, tout de go, le lecteur et l'emmener dans la région des Aurès tant chantée et admirée. L'histoire commence avec l'arrivée des Français dans les Aurès en 1847. Pour déposséder les propriétaires terriens, les colons ont réprimé dans le sang la tribu des Zaâtcha. Le même scénario s'est reproduit dans le village de Nara qui a été complètement brûlé. Commence alors l'histoire de Zwina. Une fois violée et vengée par son propre frère, elle ira vivre chez sa tante Zana, une « aazria », donc pas obligée de travailler la terre. Un statut de féministe accepté par la famille et la société d'alors. En outre, Nassira met en exergue l'attachement à la terre. Ce mot revient sans cesse dans son roman. Car le combat des hommes et des femmes est d'abord de travailler cette terre nourricière et de la protéger contre le colonialisme. « Garder le mari et la terre » a été pour les femmes chaouies, un perpétuel combat », a indiqué Nassira. D'autres femmes comme Tafsut, Yelli, Tadla, Aldjia et Nara, qui boucle le récit, se situent dans les années de guerre pour l'indépendance. Elles sont aussi importantes aux yeux de Belloula. Dans chaque portrait, l'écrivaine nous restitue leur beauté, leur soif de liberté et leur force extraordinaire à surmonter les obstacles et les tragédies qui ont émaillé leur vie.