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Raconte-moi Ayred
2965 assegas amagaz
Publié dans Horizons le 10 - 01 - 2015

Cette année, comme les précédentes, les populations fêteront Yennayer selon les coutumes. Le décor des produits alimentaires (fruits secs, bonbons...) exposés dans les magasins ou sur les étals au marché, montre l'intérêt qu'accordent les familles à l'évènement. Mais avant de « passer » à la nouvelle année, il serait bon de plonger dans le temps pour « chercher » l'origine de Yennayer. Plus exactement en 950 av. JC, année où le roi Sheshnaq a fêté une victoire pas comme les autres. Il avait battu, à la frontière égypto-libyenne, l'armée du pharaon égyptien Ramsès III. Depuis, et à ce jour, on célèbre cette fête avec Ayred, un rituel où des jeunes et moins jeunes, déguisés de la tête au pied en peaux de bêtes, s'évertuent à chanter. Edmond Destaing décrit avec détails la célébration de Yennayer. « Durant la période coloniale, la fête dure sept jours pendant lesquels les gens ne mangent que des aliments froids. Avant Yennayer, les hommes se rendent au marché et y achètent les choses nécessaires. Ils partent au moulin y chercher de la semoule. Pendant cinq jours, les femmes vont couper du bois qu'elles rapportent sur leurs épaules. » Selon les archives, le premier jour, dès le matin, les femmes et les enfants vont à la forêt sur les pentes. Ils en rapportent des plantes vertes, comme le palmier nain. Pendant cette période, à Tlemcen, les moulins restent fermés. Les fours publics chôment pendant les trois jours qui suivent la première soirée de l'année berbère. Les villageois écoulent au marché de Tlemcen ville du lait, des tiges de palmier nain dont on mange le noyau. Il est des maisons où on jonche de feuillage frais le sol de la cour. C'était une période de la « nya », on vendait du lait pour que l'année soit blanche et le palmier nain pour que la saison soit verte. En Kabylie, on place dans les champs ensemencés des tiges de laurier rose pour chasser les insectes. Chez les nomades, on jette des plantes vertes sur les tentes. Alfred Bel parle, dans ses recherches, de la grandeur de cette fête. Selon lui, « les tiges vertes ont une influence favorable sur les destinées de l'année nouvelle qui, ainsi, sera verte comme elles. Et pour que l'année soit pour nous sans amertume, nous nous gardons de jeter, sur nos maisons, des plantes qui sont amères. Période « féerique » pleine de superstition et de traditions. Des choses simples mais extraordinaires. A voir ces femmes armées de pioches démolir le vieux kanoun pour le remplacer par un neuf. Les hommes font la battue. Ils chassent le lièvre et égorgent des moutons. Objectif : pourvoir tout le monde en viande. Y compris le second jour de fête. Ce jour-là, on distribue aussi aux enfants des figues, des grenades, des oranges, des noix et du pain fourré d'un œuf. Autres rituels : poser devant la porte d'entrée de la maison du couscous garni de bonbons. La veille du nouvel an, les femmes ne lavent pas les ustensiles la nuit. On dit que les djnoun (démons) de la maison dinent avec nous ce jour-là. Autre croyance spécifique à Yennayer : les jeunes filles en quête d'un mari marchent sur des coquilles d'œufs. Durant les trois soirées de Yennayer, même les animaux (chiens, chats, baudets, mulets ...) sont gâtés. Dans les villages, les demandeurs d'aumône osent élever la voix si on refuse de leur offrir quelque chose. « Que le maître de la maison soit égorgé ! Et la maîtresse répudiée ! », disent-ils. Autre phénomène du jour. Il n'est pas étonnant de voir l'éleveur parler à ses bêtes. Selon les archives d'Alfred Bel, « après le dîner, le maître de maison va vers ses brebis et les appelle ; si elles bêlent, la nouvelle année sera bonne ; si le troupeau se tait, l'homme se rend auprès de ses vaches et leur parle ; un beuglement comme réponse est le présage d'une année passablement prospère. Si les vaches restent silencieuses, le maître se dirige vers ses chèvres. L'année sera médiocre si elles bêlent, mauvaise si elles se taisent. » Autre phénomène, inexistant actuellement. « A Tlemcen, on se garde d'aller au bain pendant les trois jours de fête durant lesquels on ne change ni de linge ni de vêtements. On ne se rase pas en Kabylie, on choisit ce jour pour faire aux enfants leur première coupe de cheveux. On ne se taille pas les ongles », écrit René Brasset.
Chez les Béni Snous
Chez les Béni Snous, on fait rentrer, pour Yennayer, les objets prêtés. Autre superstition constatée lorsque l'artisanat était fleurissant. Une femme, qui était en train de faire une natte, aux approches de Yennayer, s'empresse de l'achever pour l'enlever du métier avant la fête. Elle détache ensuite le roseau auquel est fixée la trame. Parfois ses voisines viennent l'aider. Si cette femme n'enlevait pas la natte, un malheur surviendrait, qui éprouverait ses enfants, son mari, ses biens. On agit de même pour un burnous ou une djellaba. Cette croyance était constatée jusqu'à fin des années 70 dans les régions de Tlemcen. Beaucoup de chercheurs se sont penchés sur cette fête. Mustapha Nedjai a écrit sur Ayred et Yennayer chez les Béni Snous. Dans son ouvrage, l'auteur parle « d'un voyage dans les temps reculés, un voyage dans les temps historiques, les mythes, les légendes et les rites que le présent n'en garde que quelques traces souvent indéchiffrables. Ce livre ne cherche pas à élucider toute l'histoire, il n'est que le témoignage d'une survivance d'un passé lointain, aussi riche et profond de par son histoire, une fête d'une grande esthétique et une expression phénoménale qui conduit nos sens aux questionnements purs et simples du pourquoi et du comment d'un tel savoir-faire, d'une telle beauté esthétique des objets fabriqués sans oublier les chants et les rythmes qui animent cette fête. » Ainsi, et pour célébrer cette fête à Tlemcen, un programme riche a été mis au point. il s'agit d'une exposition de plats culinaires populaires qui sera organisée, aujourd'hui, au palais de la culture « Abdelkrim-Dali ». Dans la région des Béni Snous, on prévoit un grandiose spectacle d'Ayred, une légende qui marque l'identité amazighe. L'anthropologue, Mme Abdennebi Houria, de l'université de Tizi-Ouzou, avait souligné, à Tlemcen, le sens d' Ayred : « Déguisements divers, dons de nourritures, couplets et refrains grivois figurent avec des dénominations diverses de la cérémonie selon le nom donné au personnage central, Ayred ». Ces actions carnavalesques accompagnaient certains rites agraires comme les jeux de balle qui représentent des rituels de fécondité, certains rites de passage relatifs au métier à tisser, à l'appropriation de l'espace. Comme le carnaval dans les sociétés maghrébines était mené par un nombre défini d'acteurs, ces derniers se déguisaient, imitaient certains animaux, enfreignaient les règles de bienséance. On se rassasiait pour exorciser la faim pour toute l'année. Ce carnaval, dans ces communautés à tradition orale, était un moyen d'investissement par l'homme du commun de l'espace public. C'est en ce sens qu'il est la libération de la parole. Dialogisme, polyphonie et présence de doubles interviennent et annoncent l'avènement du théâtre. Béni Snous sera, pendant les trois jours, une scène pour la petite troupe déguisée en animaux, parcourant les rues du village en chantant et en dansant. Ils sont accompagnés de youyous. Le défilé sillonnera le village et passera de maison en maison. Le carnaval sera clôturé par une grande fête la nuit du 13 au 14 janvier par la distribution de denrées alimentaires aux personnes nécessiteuses. Assegas Amegas à tous. A l'an prochain.


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