La mobilisation contre l'exploitation du gaz de schiste, à In Salah, a fait réagir des partis politiques. Contactés, ces derniers sont partagés entre ceux qui disent que la population du Sud a besoin d'être rassurée sur les effets de l'exploitation de cette ressource et ceux qui n'écartent pas l'hypothèse d'une manipulation. Le FLN n'arrive pas à expliquer cette protestation, de surcroît, sur une « question nationale » qui relève de la « décision d'Etat ». Saïd Bouhadja, membre du bureau politique du parti et chargé de la communication, estime que des individus étrangers sont derrière ce mouvement. Il regrette que la protestation soit devenue une culture en Algérie. Pour lui, le gaz de schiste est exploité aux USA sans la moindre polémique. « Je pense que cette action de protestation est loin d'être anodine. Derrière, il y a certainement des gens qui ne veulent pas que l'Algérie, qui dispose d'un potentiel énorme en gaz de schiste, passe à l'exploitation de cette ressource », tranche-t-il. Bouhadja exhorte le peuple à placer sa confiance en le gouvernement qui ne va certainement pas s'aventurer sur cette question. En revanche, le porte-parole de Jil Jadid, Sofiane Sakhri, écarte, pour sa part, la thèse de la main étrangère. Pour lui, les raisons qui ont poussé ces populations à sortir dans la rue sont claires et liées au gaz de schiste et ses effets néfastes sur l'environnement. « Bien sûr, il existe des raisons socioéconomiques », ajoute-t-il. « Les Algériens sont ouverts au monde et aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ils sont au courant de tout. Il est difficile de leur mentir », affirme-t-il. Raison pour laquelle Naâmane Laouar, vice-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), estime judicieux de traiter cette affaire en toute transparence et responsabilité. Pour lui, ceux qui parlent de manipulation doivent avancer des arguments. « Il ne faut pas parler de manipulation sans arguments valables », lance-t-il. Il a ajouté que cette mobilisation est une première dans le Sud touchant à une question stratégique. « Par le passé, la protestation concernait les questions de développement local. Aujourd'hui, nous assistons à une mobilisation qui touche un sujet à la fois important et sensible », observe-t-il. Pour lui, l'Etat doit aller à la rencontre de la population pour lui expliquer la situation. « Il ne faut rien cacher et dire toute la vérité sur l'exploitation du gaz de schiste et ses effets nocifs sur la santé et l'environnement », explique Naâmane Laouar. Tout comme le parti Jil Jadid, le MSP s'est dit contre l'exploitation de cette ressource. Yahyaoui Nabil, chargé de la communication au parti Tadjamoue Amel El Jazaïr (TAJ), estime, de son côté, que gouvernement a le devoir de rassurer les populations de Tamanrasset et d'In Salah sur l'exploitation du gaz de schiste et ses effets sur l'environnement. Pour lui, « s'il n'existe pas de danger pour la santé et l'environnement, il n'y a pas d'inconvénient à passer à l'exploitation du gaz de schiste qui constitue une alternative pour préparer l'après-pétrole ». Il pense que l'Etat n'ira pas à l'encontre des intérêts des citoyens. Et c'est pour cette raison qu'il demande au gouvernement de sensibiliser le peuple sur cette question d'intérêt national et laisser les experts s'exprimer en toute liberté. Reste que pour lui, il ne faut pas verser dans le « négativisme » sans apporter les preuves sur les dangers de l'exploitation de cette ressource.