Des représentants de l'Union européenne, des Nations unies et de plusieurs pays : France, Canada, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Chine ont participé à ce sommet qui a réuni six pays africains (Bénin, Cameroun, Guinée Equatoriale, Niger, Nigeria et Tchad). Deux autres réunions ont été organisées le même jour dans la capitale nigérienne. La première a regroupé les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des quatre pays du bassin du lac Tchad (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger). La seconde, les chefs d'état-major des forces armées de ces pays. Au menu de ces trois réunions : l'étude des actions concrètes à prendre pour stopper ce groupe qui compromet la paix et la stabilité en Afrique occidentale et centrale. Parmi ces actions, la matérialisation de la force militaire de 2.800 hommes que les quatre pays plus le Bénin ont actée fin 2014 après l'approbation de l'Union africaine ? « Nous assistons, comme ce fut le cas au Mali, à la perte de souveraineté du Nigeria sur des pans entiers de son territoire et à l'exportation de la violence aux pays voisins », a déploré le ministre des Affaires étrangères du Niger, Mohamed Bazoum, en ouverture de ce mini-sommet. « Boko Haram a multiplié les attaques et s'est constitué un vaste territoire aux frontières de nos quatre pays qu'elle administre désormais selon ses propres règles », a estimé le chef de la diplomatie nigérienne. Selon lui, l'attaque contre la ville stratégique de Baga, dans le nord-est nigérian, qui a fait plus de 2.000 morts, témoigne particulièrement de « la puissance de feu » croissante du groupe islamiste qui dispose « de plus en plus de moyens considérables ». « Boko Haram ne peut plus être considéré comme un problème du Nigeria et, à l'exemple des autres organisations terroristes comme Aqmi et Daesh dont il est proche, le groupe terroriste nigérian constitue une menace pour la paix et la sécurité pour la région et pour le monde », prévient Mohamed Bazoum, estimant que « l'objectif de Boko Haram, c'est le contrôle du lac Tchad, zone stratégique pour son approvisionnement extérieur en armes et vivres et sa sanctuarisation territoriale ». Et d'ajouter à l'endroit de ses homologues : « la montée en puissance de Boko Haram traduit notre lenteur et notre incapacité à lui opposer une réponse robuste ». « Nous ne pouvons pas rester indifférents sur ce qui se passe chez nos voisins. Le Cameroun est la porte d'entrée et de sortie du Tchad sur le plan économique », a justifié le président tchadien, qui a lancé un appel aux autres pays d'Afrique Centrale pour « constituer une large coalition ». « Décision tout à fait légitime », fait remarquer Hiroute Guebre Sellassie, l'envoyée spéciale des Nations unies pour le Sahel, mardi à Dakar. D'après elle, « les choses pressent, on ne pouvait pas attendre la mise en place formelle d'une force régionale ». « La dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire imposée par Boko Haram nous impose d'accélérer le processus », rappelle Smail Chergui, le commissaire à la paix et la sécurité pour l'Union africaine. Il est vrai qu'au moment même où se tenaient ces réunions à Niamey, Boko Haram qui a pris cette semaine le contrôle de Malam Fatori, Damasas et Bagas au Nigeria, a attaqué l'armée camerounaise à Bondéri, une localité dans le nord du pays. Il est aussi vrai que le Nigeria traîne le pied. A Niamey, le pays le plus peuplé d'Afrique a délégué son ambassadeur, un choix qui aurait fait grincer des dents. Abuja explique cette représentation. « Je note avec consternation le retrait des contingents militaires du Tchad et du Niger sans consultation préalable », déclare Aliou Issa Sokoto, l'ambassadeur du Nigeria au Niger. « Comme nous l'avons découvert à notre énorme déception, ce retrait a été suivi par une énorme attaque de Boko Haram contre la base opérationnelle » de la force régionale, a-t-il ajouté. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest compte demander lors du prochain sommet de l'UA, prévu du 23 au 31 janvier à Addis-Abeba, en Ethiopie, la création d'une force armée régionale dont le commandement, la localisation et le financement restent à trouver. La France serait prête à coordonner cette orce. La riposte contre Boko Haram qui n'a pas pu s'organiser lors des réunions de Paris, Londres et Abuja le fera-t-elle à Niamey ? Pas sûr. Du moins pas tant que les relations de méfiance entre le Nigeria et le Cameroun perdurent.