L'armée nigériane, qui a lancé une nouvelle offensive dans le nord du pays, a appelé hier la communauté internationale à coopérer avec Abuja pour lutter contre le terrorisme islamiste, au lendemain des attaques commises par le mouvement terroriste Boko Haram. «L'attaque sur la ville (de Baga) par ces chiens et leurs méfaits depuis le 3 janvier 2015 devraient convaincre tous les gens bien intentionnés à travers le monde que Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade, dans un communiqué publié samedi soir. Les récentes attaques de Boko Haram ont fait plus de 2 000 morts et causé la destruction totale de seize villages dans le nord musulman du Nigeria, ce qui a poussé l'armée nigériane à lancer une vaste offensive pour traquer ces meurtriers. Les attaques contre Baga et d'autres localités sur les rives du lac Tchad ont provoqué la fuite de près de 20 000 personnes. Au moins 16 villes et villages de la zone ont été rasés. Les islamistes ont également pris le contrôle de la base de la Force multinationale (Mnjtf), censée regrouper des soldats nigérians, nigériens et tchadiens dans la lutte contre Boko Haram. Seuls des troupes nigérianes s'y trouvaient au moment de l'attaque, qui a tué 14 soldats et blessé 30 autres, selon l'armée. Samedi, Boko Haram a utilisé une fillette de dix ans seulement pour commettre un nouveau carnage dans un marché bondé de Maiduguri, la plus grande ville du nord-est. L'explosion de la bombe, portée par cette fillette, a fait 19 morts au moins, selon un dernier bilan, et blessé une dizaine d'autres civils. Engagés dans une lutte sans répit, les soldats nigérians se sont plaints, à maintes reprises, du peu de moyens dont ils disposent pour arriver à bout des terroristes de Boko Haram. Ce mouvement, qui contrôle plusieurs localités du Nord, ambitionne de créer un Etat islamique dans cette partie du Nigeria. L'enlèvement, par ces terroristes, de près de trois cents lycéennes au printemps dernier avait suscité un sursaut de la communauté internationale, mais il était malheureusement de courte durée. Les rencontres régionales et internationales qui ont été organisées pour aider le Nigeria à retrouver ces lycéennes et lutter contre Boko Haram n'ont, pour le moment, donné aucun résultat probant. Confronté à Boko Haram, le Cameroun voisin ne dispose pas, non plus, de suffisamment de moyens pour contrer une éventuelle tentative d'implantation massive de ce mouvement terroriste sur son territoire. Boko Haram a fait plusieurs incursions en territoire camerounais. Il est même suspecté de fournir des djihadistes aux groupes armés islamistes dans le Nord-Mali. Les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont promis de soutenir Abuja dans sa lutte contre ce mouvement qui menace la stabilité de toute la sous-région de l'Afrique de l'Ouest. Mais les Nigérians attendent toujours la concrétisation de ces promesses, les puissances occidentales étant occupées par ce qui se passe en Syrie et en Irak, sans oublier les récents évènements qui ont secoué la France, au lendemain de l'attaque qui a décimé l'équipe du journal satirique Charlie Hebdo, et qui a fait douze morts et une dizaine de blessés. L. M.