Plus de 10 000 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées depuis cinq ans dans les attaques des terroristes de Boko Haram. Le Nigeria et ses voisins, réunis hier à Niamey, doivent finaliser la création d'une force multinationale pour contrer la menace du groupe terroriste nigérian Boko Haram, dont la montée en puissance constitue un grave facteur d'instabilité pour la région. Quelque 700 soldats des armées du Niger, du Nigeria, du Tchad et du Cameroun composeront cette force régionale dont la création avait été décidée en juillet. «Le sommet doit finaliser l'examen du déploiement des bataillons» de cette force «tout au long des frontières», a annoncé le président nigérien, Mahamadou Issoufou, hôte de la réunion. Une «stratégie commune» doit également être mise en place afin de «mieux mutualiser» les capacités opérationnelles et de renseignement des armées participantes. Une politique «d'entraide judiciaire en matière de lutte contre le terrorisme et le banditisme» est appelée à accompagner la coopération militaire, a aussi expliqué M. Issoufou. Les présidents Goodluck Jonathan (Nigeria), Idriss Déby (Tchad) et Thomas Boni Yayi (Bénin) étaient présents hier à Niamey. Le chef de l'Etat camerounais, Paul Biya, dont le pays, frontalier du Nigeria et des zones d'action de Boko Haram, est le premier concerné par la montée en puissance du groupe islamiste, était représenté par son ministre de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo'o. Un communiqué devait être publié en fin de journée, au terme d'une réunion à huis clos. Ce sommet se déroule alors que rien ne semble pouvoir endiguer la montée en puissance de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, où le groupe terroriste menace désormais de s'emparer de la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri, un carrefour régional de près d'un million d'habitants. Les terroristes de Boko Haram ont également pris le contrôle, ces derniers mois, de plusieurs localités frontalières de l'extrême nord du Cameroun voisin, où ils multiplient les incursions malgré le déploiement de troupes d'élite de l'armée camerounaise. «Jamais depuis l'accession à leur indépendance, la survie de nos pays n'a été aussi menacée par le terrorisme, par les forces de la division et par le crime organisé», a affirmé, à ce propos, M. Issoufou. Les pays de l'Afrique de l'Ouest font aussi face à d'autres groupes terroristes, dont AQMI et le Mujao. Niger, Nigeria, Cameroun et Tchad se réunissent régulièrement depuis le sommet de Paris en mai, pour tenter de coordonner la lutte contre Boko Haram, qui contrôle des pans entiers de territoires du nord-est du Nigeria. La dernière réunion de ce genre, au niveau ministériel, s'était tenue au Nigeria début septembre. Ces échanges se tiennent dans le cadre de la Commission du bassin du lac Tchad, une organisation régionale dont la réactivation avait été décidée à Paris. A rappeler que plus de 10 000 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées depuis cinq ans dans les attaques de Boko Haram et leur répression par les forces de sécurité nigérianes. Le conflit a également fait fuir de leurs foyers plus de 700 000 personnes, dont 100 000 sont réfugiées dans l'est du Niger. Des milliers de Nigérians craignant les exactions de Boko Haram se sont également réfugiés dans l'extrême-nord du Cameroun, tandis que plusieurs milliers de Camerounais des villages frontaliers ont fui vers l'intérieur du pays.