Le climat délétère créé par les derniers combats fratricides à Tabankort, dans la région de Gao, dans le Nord du Mali, entre les groupes armés de la Coordination des mouvements de l'Azawad (MNLA, HCUA et MAA dissident) et les groupes d'autodéfense, principalement de la coalition Gatia-MAA, inquiètent au plus haut point Ramtane Lamamra, le chef de file de la médiation algérienne, et Hamdi Mongi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali. Et pour cause, ces évènements sont de nature à mettre en péril le processus de paix entamé en juillet 2014 à Alger, estiment les deux responsables. Tout en appelant à une « cessation immédiate des hostilités » et au respect des dispositions pertinentes de l'accord du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre convenues le 13 juin 2014, notamment dans les localités de Tabankort, Intilit, Tissit et Tarkint, ils exhortent toutes les parties « à favoriser la création d'un climat de sérénité et de confiance nécessaires à la reprise, dans le courant du mois de février, du processus de paix » si elles veulent « parvenir dans les meilleurs délais à un accord global et définitif ». « Le 5e round des négociations va devoir entrer dans une phase de décision et non de débat pour régler définitivement la crise au Mali », rappelle Lamamra, souhaitant, comme Mongi, la tenue « de toute urgence » d'une réunion de la commission technique mixte et le déploiement prochain des Casques bleus en « remplacement de toute présence armée », et ce, en vue de la protection des populations civiles. Après avoir subi au début de la semaine passée des attaques, les forces de la Minusma ont détruit, mardi dernier, un véhicule d'un groupe armé lors d'un raid aérien dans le nord du pays, faisant des morts et des blessés. La Minusma, qui a affirmé, jeudi dernier, pour la énième fois, qu'« il n'y a pas d'autre choix en dehors de la solution pacifique à la crise dans le nord du Mali », a indiqué, dans un communiqué, qu'elle « a été contrainte de recourir à la force en réponse à des tirs directs à l'arme lourde sur ses Casques bleus à Tabankort (...), conformément à son mandat qui l'autorise à user de la force pour protéger les populations civiles, son personnel et ses biens en cas d'attaque ou de danger imminent ». Au Mali, les signataires de la plateforme et ceux de la Déclaration d'Alger ont ouvert une guerre de positions. Les premiers dénoncent le comportement des seconds à Bamba, Tabankort, Tabrechatt et Tarkint. Selon Harouna Touré, leur président, le Mali est en danger, car le MNLA et ses alliés ne veulent pas qu'on aboutisse à un accord. « Rien ne nous garantit qu'un accord sera signé. Même s'il y a signature d'un accord, il n'y aura pas de paix si le MNLA et ses alliés continuent d'agir de la sorte », prévient-il. « Les attaques du MNLA ne visent qu'à piétiner les accords d'Alger », estime le secrétaire général de Gatia, El Mahmoud, ajoutant que les mouvements de la plateforme vont désormais répondre à chaque coup. A Kidal, où le MNLA a décidé de « suspendre toute collaboration sur le plan sécuritaire avec la Minusma jusqu'à nouvel ordre », plus de 200 personnes ont manifesté, hier, avec ce slogan « Azawad oui, Minusma non ». A Gao, c'était l'inverse. Des milliers ont marché pour apporter leur soutien à la Minusma, Barkhane et au Gatia.