Pour réinventer un système éducatif, il faut être au moins conscient de la vision vers laquelle nous souhaitons le mener. Albert Einstein a dit : «On ne peut pas résoudre un problème avec le même raisonnement qui l'a créé». Partant de ce postulat, on se pose la problématique suivante : comment s'assurer qu'aujourd'hui, nous puissions résoudre des problématiques économico-sociales, technologiques, scientifiques, politiques en raisonnant comme lorsqu'on les a créées ? Pire, comment s'assurer que nos enfants et les enfants de nos enfants puissent affronter des problématiques qui n'existent même pas aujourd'hui. Rien que les nouveaux mots donnent froid au dos. Nanotechnologie, cyber espace, blog, le verbe googler, chatter... Au-delà des mots, il y a des chiffres aussi qui laissent sans voix. En 2049, un ordinateur d'une valeur de 1 000 dollars aura une vitesse de calcul dépassant le cumul des cerveaux de toute la race humaine ! Alors qu'aujourd'hui, un ordinateur dépasse seulement le cerveau d'un humain. ll est impensable de garder notre système éducatif en dehors de tous ces changements et de penser un instant qu'aucune responsabilité n'incombe à la famille de l'Education si l'échec d'aujourd'hui, moins grave que celui de demain, soit un signal d'alerte pour des générations d'après-pétrole désarmées face à d'autres générations dans des pays qui ont fait le choix, longtemps depuis, de profondément réinventer leur Education. Je dis bien «réinventer», car la réforme d'un système quelconque suppose le bien-fondé de ce dernier. Or, si l'on se réfère à la citation d'Albert Einstein, on comprend très vite qu'un système qui crée un problème ou un échec, ne peut en aucun cas être source d'une solution à ce même problème ! Pour réinventer un système éducatif, il faut être au moins conscient de la vision vers laquelle nous souhaitons le mener. Or, ce qu'il nous manque cruellement aujourd'hui c'est justement cette vision qui regroupera toute les forces vives et tous les intervenants de la chaîne éducative. Cette chaîne éducative souffre aujourd'hui elle aussi d'un jeu de tennis entre les différents acteurs. Avant de parler du ministère, des écoles et des enseignants, il est à mon sens plus juste de parler d'abord de la famille qui longtemps dans notre culture et nos traditions ancestrales est restée l'école de référence pour les enfants avec la grand-mère, le grand-père, les parents, les frères, les sœurs, les oncles et tantes qui éduquent chacun avec sa spontanéité et son sens du devoir, ce qui d'ailleurs n'est pas pour avoir des côtés négatifs. Or, l'on assiste aujourd'hui à un vrai désengagement de la famille et des parents en particulier pour plus qu'une raison que des sociologues et historiens sont à même de déchiffrer. Vient ensuite, et seulement ensuite, la responsabilité de l'enseignant qui a failli atteindre le rang de la prophétie tellement sa mission est sacrée tant par la loi que par la société elle-même. Mais là aussi, on se réfère à une formule simple. «Qui n'a pas ne peut donner». La tutelle a le plus important rôle dans une nation et une République qui se veulent fondées sur l'accès au savoir pour tous et dans des conditions équitables. Mais équitable ne veut pas dire à n'importe quelle qualité, car on assiste aujourd'hui à une offre d'éducation qui est axée plus sur le quantitatif que sur le qualitatif tout de même. Les ministères en charge des problématiques de l'Education, au nombre de trois, s'adressent chacun en ce qui le concerne à une population d'élèves ou d'étudiants en les considérant d'avance comme produits à offrir à un marché de travail maîtrisé. Or, le marché du travail aujourd'hui et encore plus demain, ne peut être incessible au marché économique. Il est donc judicieux d'analyser les tendances du marché en étroite collaboration avec ce même marché et surtout avec un œil parfaitement économique pour pouvoir extraire les offres de formation les plus adaptées tant en qualité qu'en quantité. Après avoir fait un bref défilement des acteurs concernés par la réinvention de l'Education du XXIe siècle, venons maintenant à un axe central de cette réinvention qu'est la technologie en éducation. Sujets très à la mode, il faut le reconnaître, les nouvelles technologies de l'information et de la communication en éducation (TICE) sont le résultat de plusieurs années de recherches et de pratiques par des enseignants et des universitaires à travers le monde occidental, sans étonnement, ayant tenté de marier les produits et logiciels de l'informatique et technologies pures avec l'avancée de la pédagogie dans le monde, notamment l'approche par compétence, l'approche par projet, la pédagogie active, la pédagogie interactive. La vitesse avec laquelle les technologies pénètrent nos sociétés et l'obligation du changement et d'adaptation que se devait de faire l'Education sont à mon sens les deux principaux moteurs de l'intégration des TIC en éducation. Sans oublier l'apport considérable qu'ont les TICE dans l'espace pédagogique proprement dit. En d'autres termes, nous avons introduit les technologies dans l'Education parce qu'elles apportent un plus pour l'acte éducatif lui-même et parce qu'aussi l'habitude que prendra l'élève à utiliser ses technologies en classe le préparera et lui facilitera l'utilisation des technologies dans le milieu productif et même dans la vie courante de demain. La réussite d'un système éducatif au XXIe siècle repose au moins sur deux aspects, sa capacité à intégrer à la fois les avancées en matière de pédagogie moderne, en phase avec le profil des apprenants, à la fois les avancées technologiques relatives à l'Education pour ainsi garantir une cohésion entre les deux sans tomber dans les pièges de ce que j'appelle, et que les académiciens francophones me pardonnent, «la sur-technologisation» et la «sous-technologisation» des élèves. Confiants que les pédagogiques et autres spécialistes contribuent et contribueront au premier aspect, intéressons-nous maintenant au deuxième aspect de la réussite d'un système éducatif au XXIe siècle. Pour intégrer les TICE dans l'espace pédagogique, qu'est la classe, il faut d'abord prendre en considération les TICE en dehors de l'espace pédagogique et c'est notre premier point. La maison a grandement changé avec l'avènement de l'informatique, de l'Internet et des supports numériques multimédias. Il faut donc considérer la maison comme un vrai prolongement de l'espace pédagogique classique (la classe) et d'ailleurs, une interconnexion classe-maison et enseignants-parents est à rechercher stratégiquement puisque techniquement elle est faisable grâce au portail internet de l'école qui met en liaison ces deux couples au bénéfice de l'élève. L'administration qui est aussi en dehors de l'espace pédagogique doit intégrer en son sein les TICE pour gérer l'élève en tant qu'inscrit mais aussi suivre ses résultats dans le temps, et créer une trilogie administration-enseignants-parents encore au profit de l'élève. Plus globalement, là où les tutelles seront le chapeau des administrations locales et par école pour créer un couple-administration-centralisée ou décentralisée (c'est selon)-professionnels des TICE locaux et étrangers. Il va de soi que ces tutelles devront être en interconnexion sur le plan stratégique et opérationnel avec les autres ministères pour créer une synergie garantissant le meilleur apport en TICE pour l'élève.