La reconquête de Kobané à plus de 90% par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), un tournant de la guerre contre l'Etat islamique en Irak et Syrie (Daech) en reflux, alors qu'il y a peu, le bilan des 4 mois de bombardements intensifs de la coalition faisait apparaître la perte insignifiante (moins de 1%) du territoire sous son contrôle ? La fin du siège imposé depuis septembre, au coût humain très élevé (1.800 morts dont plus de 1.000 combattants), est perçue par le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) comme un sérieux revers qui « prive Daech de l'un de ses objectifs stratégiques ». D'autant que l'épilogue de la bataille de Kobané se renforce par la libération de la province irakienne de Diyala. L'enjeu est déterminant pour l'issue finale de cette « guerre loin d'être terminée ». L'imbroglio kurde ne fait pas rêver la Turquie d'Erdogan, redoutant l'effet de contagion provoqué non seulement par l'affiliation de la branche syrienne de l'YPG au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mais également l'avènement du Kurdistan autonome syrien, sur le modèle en Irak, vécu comme une « source de gros ennuis dans l'avenir », comme l'a confié le président turc à un groupe de journalistes dans l'avion le ramenant à Ankara au terme d'une tournée en Afrique. Au sud de la Turquie et à Istanbul, tout comme dans les régions à majorité kurde en Syrie, l'enracinement du mouvement populaire a des motifs d'inquiétude pour la Turquie, totalement engagée dans son combat contre le régime de Bachar El Assad, refusant paradoxalement l'entrée dans la coalition internationale et accusée de complicité dans la constitution des filières des combattants arabes et étrangères de Daech. Le drame syrien est une grossière manipulation du levier du Daech voué au combat planétaire, à l'exception de la Syrie., Elle a été dénoncée, dans un entretien à une revue américaine, par El Assad, pointant l'index le plan de Washington pour la formation de près de 5.000 rebelles au Qatar, en Arabie saoudite et en Turquie. Face à la guerre imposée contre la Syrie, Moscou plaide pour la relance du dialogue intersyrien. Elle accueille, depuis hier, une trentaine de membres de l'opposition, notamment ceux du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), présents en force dans un nouveau round de négociations (du 26 au 29 janvier) avec le gouvernement syrien, représenté par l'ambassadeur auprès des Nations unies, Bachar El Jaâfari. En l'absence de la coalition nationale, revendiquant des « discussions » en pays neutre et sous l'égide de l'Onu, l'initiative russe se légitime par la volonté de préparer les conditions d'un dialogue dans le cadre d'une conférence nationale.