L'armée américaine a largué des armes, munitions et matériel médical au profit des Kurdes qui défendent la ville syrienne de Kobané, aux frontières avec la Turquie. Une véritable bouffée d'oxygène pour les combattants peshmergas, auteurs d'actes de résistance héroïques face aux terroristes de Daech, dont ils ont freiné la progression, en partie grâce aux frappes aériennes de la coalition internationale. Ces armes vont être "d'une grande aide" pour les combattants des Unités de protection du peuple (YPG), le groupe kurde qui lutte depuis plus d'un mois contre les éléments de l'EI, a déclaré leur porte-parole, Redur Xelil. Elles ont été larguées à l'aube, avec des munitions et du matériel médical, par trois avions cargos C-130 au-dessus des positions des YPG, qui contrôlent encore environ 50% de Kobané. L'armée américaine avait auparavant annoncé que ces équipements étaient fournis par les autorités kurdes d'Irak. Ils sont "destinés à aider à la poursuite de la résistance aux tentatives de l'EI de s'emparer de Kobané", selon le Centre de commandement américain pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale (Centcom). Ces derniers développements sont à même de faire basculer à tout moment "l'équilibre des forces", selon l'OSDH, une ONG syrienne. Ils interviennent suite aux appels incessants lancés par les Kurdes de Syrie, assiégés depuis un mois par les éléments de Daech, en direction des pays de la coalition, tout en réclamant des armes pour endiguer la progression des éléments de l'EI. Ankara et d'autres villes de Turquie ont été le théâtre de manifestations grandioses pour dénoncer le double refus d'Ankara de doter les peshmergas en armes et d'interdire aux Kurdes de Turquie de franchir la frontière pour aller combattre aux côtés de leurs camarades à Kobané. L'ONU dira, pour sa part, craindre un génocide contre les populations civiles. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la Turquie a pris des mesures pour aider les forces des "peshmergas kurdes" à rejoindre, via son territoire, la ville syrienne kurde de Kobané assiégée par les terroristes, a annoncé lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. "Nous n'avons jamais voulu que Kobané tombe. La Turquie a mené différentes initiatives pour l'empêcher", a déclaré M. Cavusoglu lors d'une conférence de presse. Les pressions américaines ne seraient pas étrangères à cette volte-face d'Ankara, qui a toujours refusé d'armer les Kurdes. Erdogan, dont le pays a maille à partir avec la rébellion armée kurde, accuse le principal parti kurde en Syrie, le PYD, dont les YPG sont la branche armée, d'être une "organisation terroriste" liée aux rebelles kurdes turcs du PKK. Avant ces largages aussi, le président Barack Obama a informé ce week-end son homologue turc Recep Tayyip Erdogan "de l'intention" des Etats-Unis et de "l'importance" de fournir des armes, selon un responsable américain. L'EI est "un ennemi commun" aux Etats-Unis et à la Turquie, a souligné cette source. Cette aide directe des Etats-Unis vient se greffer sur les frappes aériennes anti-Daech, menée par les avions de la coalition ces derniers jours sur Kobané, ayant ciblé plus de 135 fois les positions de l'EI dans et autour de la ville depuis fin septembre et la rencontre des responsables américains le week-end dernier pour la première fois des Kurdes syriens des PYD. Ces éléments réunis composent la nouvelle stratégie américaine de lutte contre Daech qui repose sur les frappes, mais aussi le renforcement de la résistance sur le terrain. Conséquence : elles ont "tué des centaines de combattants (de l'EI) et détruit ou endommagé" de nombreux équipements de l'EI, a souligné le Centcom. Les Etats-Unis, pour lesquels elle n'en constitue pourtant pas la priorité, ont averti que la situation dans Kobané reste "fragile", eu égard certainement de l'acharnement de l'organisation terroriste Daech, qui a dépêché de nouveaux renforts dans cette ville. Amar R.