Les rebelles chiites yéménites dits Houthis, qui contrôlent Sanaa depuis septembre dernier causant la démission de l'ensemble de l'exécutif en janvier, ont fixé, dimanche dernier, un ultimatum de trois jours à la classe politique pour remplir le vide du pouvoir. « Les partis politiques se sont vu accorder trois jours pour trouver une solution qui permettra de combler le vide, faute de quoi, des comités révolutionnaires prendront la situation et la transition en main », indique un communiqué diffusé au terme d'une réunion de trois jours dans la capitale Sanaa à laquelle a participé le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Les autres grandes formations politiques, dont le Parti islamiste sunnite Al-Islah et le Parti socialiste yéménite (sudiste), ont boycotté cette rencontre « historique » à laquelle ont appelé les Houthis. Au cours de cette réunion, les rebelles chiites ont proposé de former un conseil présidentiel, un conseil national et un gouvernement. En attendant la fin de l'ultimatum, il est difficile de savoir qui acceptera de « combler le vide » et qui refusera. Certaines formations ont estimé qu'en fixant un délai, les Houthis ont prouvé leur « immaturité politique ». D'autres ont promis de réfléchir à la proposition. Quant au président démissionnaire, Abed Rabbo Mansour Hadi, il refuse de revenir sur sa démission « sous la menace des armes ». Selon un de ses proches cité par plusieurs médias, une délégation de représentants de différents partis politiques a rencontré, samedi, Hadi chez lui, où il est en résidence surveillée. Il serait prêt à participer à une session de dialogue national à condition qu'elle ait lieu à l'extérieur de la capitale, ce que refusent les rebelles armés. L'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar, qui tente de rapprocher les points de vue des diverses parties, a récemment prévenu que des violences pouvaient éclater à tout moment. La nouvelle crise politique a plongé le Yémen dans une instabilité jamais connue, y compris lors de la révolte contre l'ancien président Saleh. Les tensions tribales et confessionnelles menacent le pays de sécession, et ce, au moment où la branche locale d'al-Qaïda consolide ses positions.