Les rebelles chiites d'Ansaruallah, au Yémen, et leurs rivaux politiques dont le parti islamiste sunnite Al-Islah, ont donné, samedi soir, leur accord à la formation d'un gouvernement de technocrates pour tenter de sortir le pays de sa crise politique. Lors d'une cérémonie qui s'est déroulée en présence de l'émissaire de l'ONU au Yémen, Jamal Benomar, les représentants de ces formations ont signé l'accord par lequel ils « mandatent le président Abd Rabbo Mansour Hadi et le Premier ministre Khaled Bahah pour former un gouvernement de compétence » et « s'engagent à soutenir » ce cabinet. « C'est un compromis convenu pour surmonter la question du partage des portefeuilles ministériels entre les différentes formations politiques », à l'origine du blocage politique dans le pays, a déclaré l'un des signataires, Abdel Aziz Jubari, secrétaire général de la justice et de la construction (libéral). Ce blocage a été aggravé avec la prise le 21 septembre de la capitale, Sanaâ, par les rebelles d'Ansaruallah, dits également Houthis, qui ont, malgré un accord de paix signé le même jour, poursuivi leur offensive dans l'ouest et le centre du pays. A l'exception de la nomination le 13 octobre de Bahah pour former un gouvernement, l'accord était resté lettre morte. Les rebelles chiites, qui profitent de l'affaiblissement du pouvoir central et de l'instabilité chronique dans le pays depuis le soulèvement de 2011 contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, ont fait monter la pression sur Hadi en organisant vendredi dernier un rassemblement à Sanaâ. Lors de ce rassemblement, un chef tribal houthis a prévenu le président yéménite qu'il devait former un nouveau gouvernement dans les dix jours, faute de quoi, « un conseil de salut national » serait mis en place. Les rebelles chiites justifient leur présence dans la rue et le recours à la violence par « la nécessité » de combler le vide laissé par les forces de sécurité et d'aider à lutter contre les extrémistes d'al-Qaïda, le réseau qui a annoncé, hier, retenir 15 soldats en otages après une attaque contre un QG de l'armée à l'ouest du pays.