La présidente de l'association AME (Algériennes Managers et Entrepreneurs), Khadidja Belhadi, a, dans une conférence de presse organisée, hier, au niveau du siège de l'association, indiqué que le taux des femmes chefs d'entreprise ne dépasse pas les 3% alors qu'en Tunisie, il est de 30%. Sur le 1,4 million de commerçants recensés et inscrits sur les registres du commerce durant les neuf premiers mois de 2010 à travers le territoire national, affirme Zahoua Chtiteh, directrice du registre du commerce à Alger, seulement 140.000 sont des femmes, soit moins de 10% du taux global. «Nous avons les mêmes facilités que les hommes dans la création d'entreprises, les mêmes droits, mais sur le terrain, c'est autre chose. Il n'y a pas d'équité. Le marché est plutôt hostile envers les femmes», explique Mme Belhadi. Dans le domaine politique, pourtant, intervient le chargé de communication de cette association, elles sont plus nombreuses. Leur participation dans ce domaine est estimée entre 15 et 20%. Par ailleurs, les femmes chefs d'entreprise, fait savoir Mme Belhadi, n'activent pas dans les grandes industries. «Elles sont plutôt versées dans le secteur des services, tels la publicité, la communication, le consulting, l'hôtellerie…D'autant plus qu'elles ont des difficultés à obtenir des marchés publics, le foncier industriel ou même des crédits », souligne-t-elle en annonçant le lancement prochain d'une enquête pour établir un état des lieux des activités et réalisations des femmes chefs d'entreprise. «Il s'agit de connaître d'une façon plus précise les secteurs dans lesquels elles activent et recenser les femmes qui ont réussi dans leurs entreprises et celles qui ont échoué. Le recensement économique qui est en train de s'effecteur nous aidera beaucoup mais nous préférons quand même mener notre propre enquête avec la collaboration du Centre de recherche et du développement d'entreprise», ajoute-t-elle.Pour revenir aux marchés publics, la présidente de l'AME a affirmé qu'ils sont inaccessibles pour les opératrices économiques. «Nous sommes confrontées à des blocages bureaucratiques et à des mentalités qui nous empêchent d'y accéder. En plus, il y a un monopole de certaines entreprises sur ces marchés», révèle-t-elle. Dans le même contexte, cette femme chef d'entreprise assure qu'on lui a retiré, à plusieurs reprises, des marchés publics sans en donner la raison. «Même pour le projet de 100 locaux pour chaque commune, la femme n'est pas concernée. Il faudrait que les pouvoirs publics mettent en place un système de quotas pour les femmes afin de leur permettre de mieux percer dans le domaine économique», estime Mme Belhadi en confiant que le premier souci de ces femmes est de participer à l'essor économique du pays. «Pour le moment, nous ne faisons pas le poids car nous ne sommes pas nombreuses. C'est pour cette raison que nous comptons effectuer des tournées un peu partout, à Tipaza et Tizi Ouzou au mois de décembre pour commencer, pour sensibiliser les femmes, les encourager et les pousser à s'investir davantage dans le domaine économique», conclut-elle.