« Les relations entre les deux pays sont historiques, exceptionnelles », a affirmé, jeudi dernier, Taïeb Baccouche, le ministre tunisien des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien, Lamamra, réitérant la détermination de la Tunisie à hisser ces relations au plus haut niveau et dans tous les domaines. « Elles sont prometteuses », insiste le ministre algérien, appelant son homologue à traduire sur le terrain les « orientations » données les 4 et 5 février dernier par les présidents Bouteflika et Béji Caïd Essebsi et à donner une impulsion aux conventions signées. Parmi celles-ci, faire des régions frontalières des modèles d'intégration et de développement à même d'apporter des solutions aux problèmes des citoyens. En sus des relations bilatérales qui seront « conformes aux attentes des deux peuples », les deux ministres ont évoqué la Libye. « A cause de la remontée du terrorisme et de l'absence d'un Etat en Libye, nous sommes dans l'obligation d'assumer une responsabilité particulière envers nos deux peuples (algérien et tunisien) pour leur procurer de la sécurité, maisil nous incombe également d'assumer une responsabilité morale envers le peuple libyen frère. Car notre sécurité est la sienne », explique Baccouche. « L'Algérie reconnaît les Etats et non les gouvernements et s'emploie actuellement à trouver une issue à cette crise en traitant avec les différentes parties », rappelle Lamamra estimant que dans le cas libyen il faut privilégier la recherche des solutions et non des problèmes. Son homologue tunisien tient les mêmes propos. « Certains parlent de la légitimité électorale, d'autres de légitimité révolutionnaire. Cette question de légitimité est philosophique », dit-il. Autrement dit ? « Le temps est au dialogue pour résoudre cette crise et arrêter l'effusion de sang », indiquent les deux ministres se félicitant de la rencontre mardi et mercredi à Alger des belligérants libyens pour trouver une issue à la crise qui secoue leur pays depuis 2011. « Il existe une véritable entente sur les questions de base entre les Libyens », souligne Lamamra qualifiant cette « entente » de « signal positif ». Le chef de la diplomatie tunisienne qui ne croit pas en l'éradication du terrorisme par la seule force doute de la « faisabilité » d'une armée arabe pour lutter contre le terrorisme évoquée par la Ligue arabe et le président égyptien. « A la création du groupe des pays voisins de la Libye, en marge de la réunion des pays non alignés à Alger, c'est l'Algérie qui a été désignée pour coordonner le volet sécuritaire », rappelle Lamamra suggérant de reprendre le chemin de Damas pour réconcilier les Syriens qui se font la guerre depuis quatre ans. « Il est temps de passer à autre chose et le cadre arabe est le plus indiqué pour le règlement de la crise syrienne pour barrer la route à toute tentative d'ingérence étrangère dans ce pays », conclut le chef de la diplomatie tunisienne.