Le Conseil national de l'ordre des pharmaciens (CNOP) dont le rôle est de donner des avis sur les lois et les règlements, compte déposer plainte auprès du procureur de la République contre les herboristes pour exercice illégal de la pharmacie. C'est ce qu'a annoncé, hier, son président, Lotfi Benbahmed, au forum de Liberté. Selon lui, ces herboristes exercent de manière illégale, car n'ayant aucun statut, ni en qualité de pharmacien ni en tant que commerçant. « Ces charlatans vendent des produits qui peuvent nuire à la santé du malade, et font actuellement concurrence à un domaine régi par la loi dont la valeur scientifique est prouvée », a précisé le président du CNOP. De ce fait, il dénonce l'intrusion d'une véritable industrie dont les auteurs se permettent d'afficher les maladies qu'ils prétendent guérir. Des compléments alimentaires et des corticoïdes se vendent chez des herboristes dans les boutiques et les marchés. Conséquence : des malades ayant consommé des substances amaigrissantes ont été hospitalisés pour des problèmes rénaux. « Il faudrait une loi qui définit la phytothérapie », a suggéré Benbahmed, déplorant le fait que l'inspection pharmaceutique ne compte que quatre pharmaciens inspecteurs ce qui est insuffisant pour le contrôle de la chaîne pharmaceutique. Au sujet du projet amendant la loi sanitaire de 1985, le conférencier a indiqué que les avis des professionnels émis lors des assises régionales puis nationales et destinés à enrichir le texte n'ont pas été retenus. « Les rédacteurs du texte n'ont pas tenu compte des propositions faites par les professionnels ce qui a poussé ces derniers à créer un comité de liaison qui a élaboré un document ». Aussi, le président du CNOP a-t-il mis l'accent sur le nouveau rôle du pharmacien pour ce qui est de l'éducation thérapeutique du patient à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays. « L'accompagnement du malade par le pharmacien est une tendance dans laquelle le premier joue le rôle d'éducateur thérapeutique et pas seulement de conseiller avec un protocole en corrélation avec le médecin traitant et ce, pour une meilleure prise en charge du malade », a-t-il expliqué. A ce titre, des pharmaciens assistants seront dorénavant présents dans les officines et pourraient même être le premier maillon de la chaîne des soins. Benbahmed a notamment insisté sur la formation continue. Il a également passé en revue la nécessité de revoir la politique des médicaments, la signature des programmes d'importation des médicaments qui accuse souvent des retards, la production des médicaments, la répartition géographique des officines, le manque récurrent des médicaments à cause des problèmes spéculatifs et structurels (annualisation des programmes d'importation)...