Le président de l'Ordre des pharmaciens déplore le manque de concertation avec l'administration dans la prise de décision. L'exercice illégal de la pharmacie, la lutte contre la toxicomanie, la loi sanitaire, la gestion des pharmacies Endimed, les gardes obligatoires des officines, la politique du médicament, le pharmacien hospitalier et la formation continue sont, entre autres, les points à l'ordre du jour de la conférence de presse animée, hier, par le président de la section ordinale nationale des pharmaciens, M. Benbahmed. Après avoir rappelé que l'Ordre des pharmaciens est une institution créée par un décret exécutif, M. Benbahmed a mis l'accent sur la lutte acharnée menée par son organisme contre l'exercice illégal de la pharmacie. Ce qui met en péril la santé publique et ouvre la porte à la contrefaçon, a-t-il insisté. Il a souligné que «des dizaines de pharmacies de sociétés de distribution et de laboratoires ont été proposés à la fermeture pour location de diplôme, absence de pharmacien directeur technique ou de pharmacien biologiste. Ces établissements, tenus régulièrement par des non-pharmaciens, portent atteinte à la santé publique». Mais il déplore le manque de concertation dans la prise de décision avec l'administration qui est le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Nous sollicitons le ministère depuis deux ans et nous n'avons eu aucune réponse à ce jour. Nous avons un avis à donner sur plusieurs questions qui engagent notre profession comme cela est le cas du nouveau texte sur la loi sanitaire», a-t-il signalé. A ce propos, M. Benbahmed estime qu'il est important de procéder à la séparation des ordres, à la désignation d'un magistrat issu du conseil d'Etat pour assister le conseil national, intégrer dans les conseil régionaux un pharmacien inspecteur représentant le ministère de la Santé, prévoir des dispositions transitoires garantissant la continuité de l'action des missions de l'ordre, réaffirmer l'obligation de consultation préalable sur l'ensemble des aspects législatifs et réglementaires liés à l'exercice pharmaceutique. Concernant les gardes, le conférencier a rappelé qu'une proposition d'un arrêté tenant compte du nouveau rythme hebdomadaire (modification du week-end), permettant une adaptation régionale en fonction des spécificités géographiques, a été soumise au ministère de la Santé depuis plus de deux années et qui est restée sans suite. «A ce jour, les pharmaciens sont soumis à des gardes les jeudis et vendredis selon les modalités fixées par l'arrêté ministériel de 1995», a-t-il précisé. Les 1000 pharmacies d'Endimed passées sous tutelle du ministère de la Santé doivent être cédées, selon M. Benbahmed, aux jeunes pharmaciens, sans emploi dans le cadre des dispositifs en place par les plus hautes autorités du pays dans le cadre de l'emploi des jeunes. La place du pharmacien hospitalier, «le parent pauvre de notre système de santé», doit être rétablie dans son rôle, estime M. Benbahmed. Il relève qu'en l'absence d'un statut comparable à ce qui existe ailleurs, il marginalise et ne permet pas au pharmacien hospitalier d'assumer son rôle à part entière. Pourtant, relève-t-il, il assure de nombreuses et complexes missions dans les établissements de santé, c'est pourquoi il recommande un pharmacien pour chaque service. Au sujet de l'industrie pharmaceutique, le vice-président du CNOP, chargé de l'industrie, Amir Touafek, estime que la production locale a besoin d'être encouragée vers une plus grande diversification et vers des produits à forte valeur ajoutée en adéquation avec les problématiques de santé publique en Algérie. Le développement de cette industrie, a-t-il expliqué, a d'abord besoin d'outils de régulation et l'objectif d'atteindre les 70% de la production, fixé par les pouvoirs publics, doit être explicité. «Est-ce qu'il s'agit de développer la production en termes de valeur ou de volume ?», s'est-il interrogé.